[Abracadabra in jazz] To say something or not! Is it jazzy?

Dès son origine dans le Sud esclavagiste qui puisait sa richesse sur le travail non rémunéré, le jazz a dit cette infamie et a été reconnu comme un témoignage et expression identitaire. Opposition à une conformité de traitement exercé aux nègres comme esclaves, il s’est défini en fonction de l’inhumanité supportée et comme une réaction à une situation de domination imposée.

Quand est-il à ce jour, de cette définition première du jazz qui est pratiqué ailleurs, ici ou mondialement par de fidèles adorateurs ? Est-il témoin comme auparavant.

Pratiqué par des dilettantes orthodoxes qui se réclament ne serait-ce que par la forme de ses traditions de protestation et de refus, il est la copie d’un original par la forme et plus du tout par le fond. Amateurs qui épousent une cause étrangère à eux et qui compte sur leur sympathie pour s’identifier à ce témoin venant d’un ailleurs totalement inconnu.

A quel monde se rattacher alors, à celui de l’autre ou au sien ?

Question incongrue posée au monde du jazz qui mettrait plus d’un de nos praticiens locaux en porte à faux par rapport à leur existence dans notre société créole si hypocrite et si muette sur son rôle identitaire et politique en Gwada.

Que disent-ils nos musiciens sur cette situation post-coloniale qu’ils vivent quotidiennement ? Sont-ils des témoins ou des griots qui de par leur position d’artistes pourraient dire aux princes qu’ils vont nus et qu’ils sont visibles par tous.

Pour l’instant nous ne voyons ni n’écoutons pas grand-chose qui pourrait se réclamer d’une conscience sociale si peu nationale dans ce milieu de musiciens qui se réclament du jazz mais n’en assument pas du tout l’esprit de contestation inhérent à son émergence originelle.

Et pourtant ce pays Gwada est un terrain par bien des égards pas trop différent de certains états sudistes. Une dimension coloniale y est persistante et sévit aux dépens de notre santé mentale.

Que l’on ne dise pas que ici, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.

Alors chers musiciens locaux que dites-vous du monde où nous vivons, que vous avez sous les yeux chaque jour.

Imiter le grand frère du Nord ne vous mène à rien car jamais vous ne pourrez égaler sa créativité.

Et pire, il ne peut pas comprendre pourquoi vous n’êtes pas témoin de votre vécu !

De plus, vous imitez avec talent ceux qui même aux Etats Unis ne disent plus rien car déjà émasculés de par leur propre accord.

Pour comprendre le message : écoutez les premiers Kassav, les Gwakasonnés, les Foubap, les Ignols, les Gérard Lockel, tous des années 80. A ce jour écoutez Dominik Coco. Luc-Hubert Séjor, Kannida, et d’autres qui disent leur vécu d’aujourd’hui.

Cessez d’imiter et de copier les big brothers du Nord qui sont pour les meilleurs en train de dire sur leur monde le vécu tragique qui relèvent des conditions qui existent que vous ne pourrez pas partager malgré votre admiration. S’ils peuvent servir de modèles, ce serait d’indiquer la voie très étroite et peu empruntée par leurs collègues qui se vendent à qui mieux mieux.

Voir comme exemple le dernier disque de Vijay Iver.

Sur une situation flagrante de racisme du genre fasciste à Kennedy Airport contre un iranien, ce groupe en a fait une œuvre du 21ème siècle disant notre inadmissible attitude d’exclusion vis-à-vis des citoyens du tiers monde. Le voila le jazz moderne qui se dit dans son regard sur l’atrocité de notre société envers l’humain.

Ici où nous vivons des situations très proches et dégradantes, pas un son du jazz qui en parlent et en témoignent. Exemple des situations haïtiennes qui sont imposées en notre nom et notre complicité muette.

Il faut donc face à cette réalité inacceptable se poser la question de l’attitude virtuelle et complaisante de nos artistes qui vivent dans la toile d’araignée tissée par le grand manitou.

Nous attendons avec impatience les griots modernes qui diront notre insoutenable vécu colonial !

Autrement faisons des notes comme des perles enfilées sur un collier qui à l’infini se déroulera sachant que jamais il ne sera au cou majestueux de nos princes.

Le jazz c’est de dire quelque chose sur la situation et les conditions qui existent contre les hommes.

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