Dans la masse des CDs sortis en 2003 on peut trouver sa nourriture bien souvent indigeste car la production actuelle et même celle des jeunes musiciens est un peu indigeste et trop conforme surtout aux impératifs des majors.
Il faut aller ailleurs et souvent dans hier pour trouver des œuvres qui peuvent éclairer les pistes du futur et auxquelles il n’a pas été accordé d’attention car trop différentes et singulières.
Voila ici listés quelques œuvres qui échappent à la routine et qui se veulent singulières, que nous avons par bonheur et recherche mis hors oubli pour vous.
Spanish-jazz, parfum si adoré de Miles, de Gil et de Wayne et beaucoup d’autres qui ont vu que le flamenco c’est salement black car “duende” :
· “Jazzpana” de Vince Mendoza. Trépidant comme un zapateado et arrangé de main de maître. Une beauté du Sud impertinente, insolente et fière.
· Jerry Gonzales y los piratas del Flamenco. Un séjour en Espagne suffit à ce trompettiste porto-ricain pour retrouver l’axe du jazz le plus espagnol.
Afrocuban Jazz très proche et pourtant si loin de notre pratique :
· “Cuban Blues” de Chico O’ Farrill. Plus latin tu meurs, et c’est caribéen à n’en plus finir. Prêtez l’oreille aux deux suites afro-cubaines. Deux CDs de cubain glorieusement orchestré.
Jazz arabe, et oui cela existe. On le verra en décembre sur la Place de la Victoire. Cela marche et s’épouse avec ardeur :
· Tout Rabih Abou Kalil. Oui tout. Un monde où nous pouvons nous retrouver et où sévit l’oud.
Le jazz dit jazz et c’est pas une introduction ordinaire, mais quoi écrire.
· Miles Davis : The Jack Johnson Sessions : 5 CDs. De la musique la plus afro possible et tellement libre qu’il est temps qu’ici on le sente si on veut s’affranchir de l’aliénation ethnocentrique occidentale qui sévit ici et ailleurs… Loin très loin des copies de jazz insipides qui semblent nous satisfaire. Miles c’est un univers autre.
Des musiques venues d’ailleurs, mais filles de Miles, et qu’il faut absolument écouter :
· Paolo Fresu dans “Kind of Porgy and Bess Jumeau.
· Franck Nicolas, l’ouverture à toute vitesse vers le Gwoka avec “Jazz-ka Philosophy”. Le bon chemin est emprunté.
· Arve Henriksen dans “Sakuteiki !” La Norvège viking se lâche : aventure à la clef.
D’autres musiques encore de partout et libres :
· Patricia Barber dans “Café Blue” : chanteuse à écouter absolument. Pianiste, compositeur et interprète de talent.
· Chet Baker sings and plays dans “Embraceable you”. Au bord du gouffre mais sublime d’innocence. Adorable.
· Wayne Shorter dans “Footprints live”. Toujours là. Et pas là. Lunaire à souhait.
· Gérard Lockel en concert à Banlieues Bleues. Et votre écoute doit être à la hauteur de votre sincérité musicale. Un génie à deux pas d’ici.
· Récidiver avec Gérard et son disque en guitare solo. Classique et puis c’est tout.
· Swanha Desvarieux dans chant Gwoka “on dot jan”. Il était temps de sublimer la tradition.
A l’écoute de ces quelques disques, votre oreille ira vers des horizons où l’imagination est reine, et cela vous sera profitable, que vous soyez musiciens ou amateurs. Il sera possible de découvrir d’autres mondes secrets, cachés, et que notre société veut ignorer, enragée qu’elle est de se satisfaire de la musique “unique”.
Voila de bons antidotes qui sont des médicaments de rêve.
Luc Michaux-Vignes
Pour guide en Décembre voila quelques suggestions :
Le film “L’épreuve de force” de Clint Eastwood. Il met, comme d’habitude dans ses films toujours de qualité et à thèmes peu ordinaires, de la musique de jazz. A preuve dans ce film où l’on a de la musique qui nous ramène à Miles et à Gil Evans. A écouter, l’entrée du bus sur l’avenue principale, au son d’une musique superbement orchestrée comme le faisait Gil, et avec du Ravel à la clef. A guetter sur la chaine Action.
