Zimbalam jette l’éponge de la distribution numérique

Zimbalam & TuneCore

De Zimbalam à TuneCore

Hier, Zimbalam, qui est une branche de Believe, nous a fièrement annoncé le partenariat qu’il venait d’établir avec TuneCore, géant américain de la distribution en ligne qui est actuellement en train de s’implanter en France. Le corollaire de ce partenariat, c’est que Zimbalam arrête la distribution en ligne, et en particulier n’acceptera plus désormais de nouvelles soumissions d’albums. De plus, Zimbalam nous propose de migrer gratuitement nos albums, actuellement hébergés chez lui, chez TuneCore. On a cependant encore le droit de ne pas être d’accord. Dans ce cas, Zimbalam promet de continuer à gérer lui-même ces albums déjà présents chez lui.

Bon. Est-ce une bonne nouvelle ? Et bien en fait, Zimbalam/Believe vient en fait tout simplement de signer la mort de toutes les petites distributions d’albums, probablement non rentables à ses yeux. Parce que les modèles économiques des deux plateformes sont fondamentalement différents. Si les deux acteurs font toutes les deux payer un droit d’entrée assez similaire (respectivement 30 € et 35 € pour un album complet), les choses divergent ensuite. Chez Zimbalam, aucun abonnement annuel forfaitaire n’est facturé, mais en contrepartie, 10% sont prélevés de toutes les ventes, téléchargement comme streaming. Chez TuneCore, on ne prélève rien sur les ventes, mais en revanche, il faut s’acquitter d’un abonnement annuel de 50 €.

Les conséquences sont simples : avec Zimbalam, vous ne perdez jamais d’argent. Éventuellement vous ne gagnez rien ou bien pas grand-chose, mais jamais vous n’êtes débiteurs. En revanche avec TuneCore, si vous ne rapportez pas 50 € de vente annuels, vous êtes dans le rouge. Et si le rapport sur les ventes est meilleur, il faut tout de même être un vendeur conséquent pour que vos revenus atteignent ceux de Zimbalam. En fait, il faut que vos ventes brutes annuelles soient supérieures à 500 € pour que le modèle de TuneCore soit plus intéressant que celui de Zimbalam…

[Edit mai 2017] Je précise que ce sont les ventes brutes annuelles par album qui doivent être supérieures à 500 €… Car chaque album coûte 50 € par an d’abonnement. Et en fait, c’est même plus vicieux que cela. Car au moment de la sortie de l’album, si la promotion a été bien faite, les ventes peuvent grimper en flèche. Dans ce cas, la première année de vente sur TuneCore sera bien bénéficiaire. En revanche, par la suite, ce ne sera plus le cas. Laisser votre album sur TuneCore finira donc par vous coûter de l’argent – et par grignoter tous les bénéfices réalisés en première année. Il ne vous restera alors plus qu’à l’enlever des plateformes. Ballot, non ?

Et pour gérer les albums de plusieurs amis artistes, qui ne sont pas de gros vendeurs, mais dont la musique de qualité requiert d’être exposée au maximum pour espérer se faire connaître, je sais que cela n’aurait tout simplement pas été possible sans le modèle économique de Zimbalam ! Alors merci Believe, vous venez d’un claquement de doigt, de donner le coup de grâce aux possibilités de distribution numérique des « petits vendeurs » qui en général, font la diversité de la musique et sa richesse culturelle. Il est évidemment plus profitable (et moins risqué) de ne gérer que les artistes déjà rentables, de favoriser un mainstream commercial et sans grand intérêt, déjà largement relayé en radio et en télévision, au détriment de la diversité.

Et maintenant ?

Alors bien évidemment, je ne vais pas demander à Zimbalam de positionner chez TuneCore les albums que j’ai pour l’instant placés chez eux. Ils promettent de continuer à les gérer eux-mêmes si l’on veut. J’espère cependant que leur modèle économique ne sera pas modifié par la suite, mais j’avoue que je le crains tout de même à moyen terme. Et rien ne dit qu’ils ne finiront pas par tout simplement tout arrêter un de ces jours. Et pour les albums à venir, a priori situés dans cette même frange de rentabilité, nous sommes du coup bien démunis. Les autres distributeurs agrégateurs du marché proposent des solutions dont le modèle économique s’apparente plutôt à celui de TuneCore. Placer sa musique en ligne est pour autant important pour les artistes. Relire à ce sujet, ces deux papiers sur la vente en ligne et le piratage de la musique.

Dans l’immédiat, je ne peux que répéter qu’à mon sens, la plateforme actuelle la plus intéressante reste BandCamp. Tout d’abord il n’y a pas de droit d’entrée sur BandCamp – en contrepartie, le prélèvement sur les ventes est un peu plus élevé (15%), mais cela reste raisonnable. Surtout BandCamp permet de vendre en téléchargement, mais également de vendre des albums à distance ou tout autre produit dérivé que vous êtes prêts à expédier à vos fans (et dans ce cas, le % prélevé n’est plus que de 10%). Les prix sont fixés au choix de l’artiste, et des systèmes de promotion sont aussi possibles. BandCamp permet également de récupérer les adresses mails des clients pour ensuite les ajouter à votre mailing list ou newsletter. Une application mobile facilite le streaming pour les auditeurs qui ont téléchargé ou acheté l’album. L’interface est plutôt facile à adapter à votre charte graphique… Bref, on est nettement là, au service des artistes.

En revanche, il ne s’agit que d’une plateforme, pas d’un distributeur – et donc votre musique ne partira pas de là pour aller sur iTunes et consorts. BandCamp nécessite donc également un effort supplémentaire de communication vers le public, mais avec l’avantage que l’on a tout de même un peu l’impression d’enfin travailler pour soi, et à sa manière.

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