Femme, femme… quand tu nous Jazz – Jazz à Pointe-à-Pitre 2006

Pour sa onzième édition, le Festival Jazz à Pointe-à-Pitre, Carrefour des Musiques Créoles a choisi d’honorer les femmes dans le jazz. Trop souvent sous-représentées dans ce monde un tantinet trop macho, les femmes qui y sont présentes passent rarement inaperçues et marquent de leur empreinte cette musique – ces musiques -. Il est vrai qu’elles sont souvent chanteuses, et le cru 2006 du Festival le rappelle avec force (Dee Dee Bridgewater, Mayra Andrade, Monica Passos et un florilège de belles voix guadeloupéennes), mais pas seulement – et peut-être de moins en moins -. Les instrumentistes féminines de talent forcent souvent l’admiration. Ceci est remarquablement illustré par la présence de l’incontournable Rhoda Scott, qui représente à la fois l’histoire et l’expérience, et qui s’entoure ici de la garde montante du jazz féminin hexagonal, promis à un bel avenir. Bon jazz à toutes… et à tous également !

Festival Jazz à Pointe-à-Pitre – Onzième édition 15-17 décembre 2006

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Pour sa onzième édition, le Festival Jazz à Pointe-à-Pitre avait choisi un thème séduisant – les femmes et le jazz – et placé la barre haut avec des affiches de qualité sur trois soirées. Du 15 au 17 décembre, se sont ainsi succédé sur la grande scène de la place de la Victoire, tout d’abord des voix guadeloupéennes emmenées par Christian Laviso, puis Monica Passos et Emmanuel Bex, le Rhoda Scott Ladies 4tet, Mayra Andrade et enfin Dee Dee Bridgewater. Premier motif de satisfaction, la fréquentation en nette hausse du Festival : le public était-là, était là tous les soirs, et était là tous les soirs, dès le début des concerts ! C’est une évolution de comportement notable et appréciable, et appréciée ! Il convient également de noter les efforts payants faits du côté de la technique cette année, réduisant les couacs à un niveau quasiment nul et gratifiant le public – et les artistes, c’est important – d’un son plutôt réussi. Sur l’éclairage également, il y a peu à redire et qui plus est, la scène préparée pour le concert de Dee Dee, avec des volumes et des niveaux variés, des lanternes traditionnelles sur scène en plus des éclairages classiques, et les costumes africains chamarrés des musiciens, dégageait une chaleur communicative.

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Christian Laviso et les voix guadeloupéennes

Voilà déjà quasiment un an que Christian Laviso a commencé à mettre en place son spectacle pour le Festival de Pointe-à-Pitre. Le contrat était simple mais audacieux, tenir la scène trois heures durant sans redites, sans lasser le public, sans longueurs… et en mettant les voix féminines guadeloupéennes à l’honneur. Christian s’est d’abord constitué un groupe de solides musiciens, Luther François, Sonny Troupé, Aldo Middleton, Raymond d’Huy… bref, de quoi honorer comme il se doit la tradition et le jazz, tout en tenant la distance. Et visiblement, ils se sont pris au jeu ; on a par exemple fortement apprécié le plaisir que nous a procuré un Raymond d’Huy en grande forme, plaisir qu’il partageait de toute évidence avec nous sur scène. Christian Laviso a élaboré un répertoire varié, reprenant quelques valeurs sûres d’Horizon, de son album Chaltouné, ainsi que des standards de jazz et de musique antillaise. Pour illustrer cette diversité, Christian a appelé auprès de lui quatre chanteuses que l’on n’avait jusque-là pas trop entendu en lead, mais jouissant toutes d’une excellente réputation de choristes auprès des plus grands (et plus grandes…) ici : Nathalie Jeanlys, Leedyah Barlagne, Nikol Valton et Raphaëlle Conferti. Enfin, il convient également de ne pas oublier Mario Coco, danseur émérite et complice de Christian Laviso, qui a su encore une fois emporter l’adhésion hautement audible du public. Au total Christian Laviso a relevé le gant et tenu le pari en une fresque musicale guadeloupéenne très chaleureuse.

Monica Passos et Emmanuel Bex

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Il est ici surtout question de climat. L’orgue d’Emmanuel Bex et la voix de Monica Passos tissent des volumes sur mesure et font jeu égal en puissance et en harmonie. Ils sont accompagnés d’une section rythmique de qualité – Frédéric Monino impressionnant à la basse, et Stéphane Huchard à la batterie, remplaçant au pied levé un François Laizeau empêché – et de Jérôme Barde au bardophone, guitare modifiée par ses soins. Alternance de morceaux de bravoure et d’instants d’intimité, au point d’arriver parfois, en plein milieu de la Place de la Victoire, à se croire assis dans le renfoncement douillet d’un club de jazz. Monica Passos et Emmanuel Bex ont également profité de leur passage en Guadeloupe pour diriger des Master Class auprès des enfants, et les enfants sont finalement invités à partager la scène avec les artistes – émotion des parents garantie ! – pour un moment de fraicheur.

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