Anthony Joseph

Anthony Joseph

Quand

01/03/2018    
21h00

Le Brise Glace

54 bis Rue des Marquisats, Annecy,

“Par touches légères ou en apport frontal, suggérée ou clairement affichée, la Caraïbe apparaît en filigrane dans toute la discographie d’Anthony Joseph. Des transes furieuses de Bird Head Son au plus abouti Time, elle résonne dans chacun de ses albums.

Aujourd’hui, ce qui n’était alors qu’un fil conducteur, un point d’ancrage grâce auquel il ne perdait pas son cap, le poète-romancier-musicien-conférencier a décidé d’en faire un câble de communication. Un lien puissant qui, se jouant des distances et bravant la mer, unirait son île à celle de ses frères de l’arc Caribéen. Ceux qui, à seulement quelques miles de lui, dansent au son du tumbélé ou du mendé, quand, du côté de Port Spain, on s’encanaille des rythmes calypso et soca.

Porté depuis toujours par une profonde et puissante identité ancrée dans l’archipel, Anthony Joseph revient à ses racines avec Kumaka. Débuté comme une collaboration avec l’émérite percussionniste Roger Raspail (Cesaria Evora, Papa Wemba, Kassav’), Kumaka s’est rapidement mué en force créatrice englobant sur son passage rythmes, sons et vibrations qui retentissent de San Fernando Scarborough, de Kingston aux Abymes, de Port-Au-Prince à la Havane.

Soutenu par une formation pensée comme un brassage entre musiciens du cru, Kumaka vise à réunir des îles qui ne feraient désormais plus qu’une et où l’identité de chacune ne se diluerait pas dans l’ensemble. Mais, au contraire, contribuerait à en faire un alliage plus riche et plus résistant. Les saxophones de Shabaka Hutchings The Heliocentrics) et Jason Yarde, la trompette d’Yvon Guillard (Magma), la basse de Mike Clinton (Salif Keita), le trombone de Pierre Chabrèle (Creole Jazz Orchestra) : ce nouveau groupe prend des allures de all-stars Caribéen marqué par les coups de mailloches d’Andy Narell, grand maître du steelpan, tambour d’acier aux sonorités métalliques, incarnation sonore de Trinidad.

Déflagrations dansantes ou lente progression percutée de riffs cuivrés dignes d’une bande originale ; voodoo funk incandescent ou furia rythmique à haut débit lacérée de saxo freejazz, la réunion de cette diaspora Caribéenne ne met pas au point une formule vouée à être déclinée sur onze titres mais, au contraire, explore et défriche. Avec pour guide, Anthony Joseph. Le chroniqueur qui récite son texte appuyé sur une simple percussion ou le conteur d’histoires possédé par la puissance de la basse hypnotique. L’aventurier qui scande dans un mangrove où rythmes et cuivres ont tissé un inextricable enchevêtrement. L’ambianceur qui déambule sur un groove rond et vrombissant en co-voiturage vocal avec Sly Johnson.

Disséminées, éloignées les unes des autres par quelques dizaines voire centaines de miles nautiques, les îles de l’archipel communiquaient jusqu’alors par le biais de vibrations portées par la mer. Anthony Joseph est passé sous celle-ci et a noué les racines entre elles.”

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