Avec “DIS 1. 4. RAF”, Andy Narell revient au 5tet

 

Si l’on excepte les deux excellents opus du quartet Sakésho, il faut remonter à 2001 pour retrouver un album purement jazz d’Andy Narell, avec le double CD « Live in South Africa ». Entretemps, Andy a multiplié les expériences et les collaborations, autour du calypso avec Relator, avec le WDR Big Band, le Trinidad All Stars, et trois albums de musique pour steel band, accompagnés de solistes invités réputés comme Mike Stern ou Hugh Masekela. « DIS 1. 4. RAF » est donc un retour à des sources qui comprennent quelques perles comme « Behind the Bridge » ou les albums du Caribbean Jazz Project par exemple. « DIS 1. 4. RAF » est un album double – et non pas un double album – constitué d’un premier disque enregistré en quintet avec la pianiste cubaine Janysett McPherson, le percussionniste – également cubain – Inor Sotolongo, et la rythmique guadeloupéenne formée par Thierry Fanfant et Grégory Louis. Le deuxième disque regroupe quant à lui des morceaux en duo piano / steel drums enregistrés par Andy et Janysett.

Janysett McPherson

La rencontre avec Janysett McPherson avait eu lieu à Monaco il y a déjà quelques années. C’est Nicolas Viccaro, batteur émérite – on l’a en particulier entendu auprès d’Etienne Mbappé – et surtout niçois, qui avait invité Andy à se produire à la Note Bleue, le club de jazz de référence de la Principauté où il est un peu chez lui. Janysett y jouait en voisine, la cubaine étant installée à Nice depuis plusieurs années. Le courant est visiblement passé entre la pianiste et Andy qui se trouve d’ailleurs être l’un des rares musiciens à avoir été invité sur le dernier album de McPherson. Le quintet qui joue ici s’est donc constitué depuis quelques années, et par exemple, se produisait en 2014, accompagné par rien de moins que l’orchestre symphonique de Bordeaux.

Andy a donc voulu privilégier la cohésion du groupe pour enregistrer « DIS 1. 4. RAF » dans les conditions du live. L’album s’ouvre sur le morceau titre de l’album, écrit en hommage au grand pianiste trinidadien Raf Robertson, disparu soudainement fin 2015. L’homme était une figure de la musique à Trinidad, qu’il enseignait également. Très apprécié, c’était aussi un grand ami d’Andy, avec lequel ils avaient partagé de nombreux moments musicaux.

Andy Narell - Raf Robertson

On plonge ainsi directement dans la tradition de Trinidad, avec le titre DIS 1. 4. RAF, soutenu par les harmonies latines de Janysett McPherson. Plus lent et légèrement nostalgique, le très caribéen Abacoco permet à Andy de faire chanter le pan, en écho au piano. La cubaine introduit ensuite une de ses compositions,  Para Quel Bailes Mi Rumba/Dance Class, au piano voix, accompagnée des percussions d’Inor Sotolongo et sur les roulements de la contrebasse de Thierry Fanfant. Suivent deux reprises d’Andy, Dee Mwa Wee extrait de « The Passage » (2004) et The Last Word, extrait de « Oui ma chérie » (2014), aux racines du jazz créole. Comme selon l’habitude d’Andy, les titres sont longs et laissent à tous les musiciens l’espace pour s’exprimer pleinement, jusqu’au dernier titre A Dazzle of Zebras qui revient à un mélange d’influences créoles et latines.

Au départ, il n’était pas prévu de sortir un double album. Mais Andy et Janysett se sont aperçu que leurs duos fonctionnaient parfaitement, sur des pièces qui avaient été conçues à la base comme des morceaux solos de steel drums. Réarrangées pour le duo, Andy jouant à la fois accompagnement et mélodie en même temps, ces pièces augmentées de quelques standards constituent la matière du deuxième volet de « DIS 1. 4. RAF ». Changement d’ambiance donc, avec cette orchestration bien différente ou pans et piano se mêlent, se répondent, s’accompagnent et chantent ensemble. Andy Narell privilégie les moments intimistes – comme cette reprise de Moment’s Notice ou bien d’Over the Rainbow, ponctués de pièces plus virtuoses comme cette version d’Oleo, ou bien du très créole If We Really Want. Ce deuxième volet tout en douceur s’achève sur une improbable reprise de l’Hymne à l’Amour, pour conclure un voyage caribéen à ne pas manquer.

Inor Sotlongo

Pour l’instant, « DIS 1. 4. RAF » n’est pas encore sorti en France. On peut cependant le trouver directement sur le site d’Andy Narell, en téléchargement ou bien en vente à distance. Andy retourne cette fin de semaine en Afrique du Sud – où il dispose d’un véritable fan club à Johannesburg. Il y va cette fois en tant que jury de l’International Marimba and Steelpan Festival pour la 4e année consécutive. Cet évènement d’envergure accueille des groupes venus principalement de Sud de l’Afrique, qui se confrontent autour de leurs compositions, leurs arrangements, leur jeu et leur mise en scène. Sur deux jours, plus de deux-cents formations vont ainsi tenter de décrocher la palme du meilleur groupe de l’année !

L’éducation et la transmission de la musique sont définitivement des parts importantes de l’action d’Andy à travers le monde. Il a longtemps contribué à la formation des jeunes à Trinidad lorsqu’il y vivait. Depuis cinq ans, Andy Narell séjourne régulièrement à Sainte Lucie, après avoir été trois ans de suite, parrain du festival Jazz in the South, conduit par Yves Renard et Len Leonce. Il passe désormais six mois de l’année à Laborie et a également entrepris là-bas d’initier les jeunes au steel drums. Et c’est ainsi que cette année, et pour la première fois de son histoire, le concours Panorama National de Sainte Lucie a été remporté par le Laborie Steel Orchestra. La victoire d’un groupe du Sud de l’ile est même historique !

Andy Narell a donc une actualité chargée – ce qui lui va très bien – et variée. Ainsi, en fin d’année dernière, Anthony Joseph l’invitait à jouer sur un morceau de son album à venir, « Caribbean Roots », dont nous parlerons prochainement. Entre le grooveur/slammeur de Trinidad et Andy, la magie a également opéré, à tel point que ce dernier a finalement joué sur quasiment la totalité de l’album ! Mais ceci est une autre histoire…


DIS 1.4. RAF (Andy Narell)


Année : 2016
Label / référence :
Personnel : Andy Narell, Janysett McPherson, Thierry Fanfant, Grégory Louis


Plus d’information :

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