[Abracadabra in jazz] Musique difficile à accoucher

Où l’on comprend, comme le dit Jacques Attali, que la musique nous dit tout sur nous-mêmes, même si elle ne dit rien en soi. Explication cruelle de notre stérilité musicale en Gwada certes, se disant et se démontrant prolifique, mais à l’image de l’autre ou dans la suite de l’autre. A prendre dans le sens que l’on veut, on pourra être la superbe et belle parodie, mais d’une expression disant l’autre. Politique est la bonne réponse, pas nécessairement dans le régime mais dans le faire et l’expression de soi.

Pour moi seul Gérard Lockel a répondu. Ses disciples peuvent emprunter sa parole mais ils ne disent pas la leur. En Gwada, pour ceux qui voudraient se complaire de la cécité ou de la surdité, la liberté ne peut que se conquérir –vieille histoire prométhéenne- et que l’on ne nous dise pas que la musique se suffit à être belle.

Dans ce sacré jazz que nous adorons, cette lumière illumine tous, même ceux qui jouent en marge et trichent en se refusant à l’urgence de la réalité et de la gravité des conditions qui existent. Ici les conditions sont à double verrou ; tout d’abord le verrou culturel genre oncle Tom, et le verrou intérieur, celui bouclé à double tour et dont on a jeté les clés le plus loin possible avec l’espoir inavoué de ne jamais les trouver.

Autosatisfaction tout azimut ; complaisance sans fin ; mépris et dédain pour ces co-acteurs. Obscures sont les voies de la condescendance vis à vis des débutants de la part des anciens. Hors d’eux, point de salut selon l’essence que l’on peut avoir des aveux difficilement extorqués des victimes. Et le plus terrible est l’attitude des branchés-prétendus qui se disent du club et rabachent leurs souvenirs du jazz d’il y a quarante ans, pleins de clichés rassis, et qui ont oublié que cette musique est une musique du moment, non le récité mais le pratiqué selon la réalité vécue.

Enfin ! Le bop est nom de dieu le refus du nègre urbain de la situation ghetto. Oui ou non ? Traduisons que pour ici, à partir de cette vérité, le chemin est clair pour nos braves petits zouaves trop occupés à faire les zouaves. Et pourtant ils y pensent et essayent très fortement de dégager un langage propre en dépit des conditions. Ils y arriveront après avoir payé leurs « dues ». Souffrance nécessaire d’où est née le jazz. Lire Max Roach à ce propos qui ne voit cette musique que comme l’écho musical de l’horreur vécue, d’ailleurs toujours perpétuée, en dépit de Colin et de Condoleeza qui ne sont que des leurres.

Vous musiciens d’ici, trouvez au-delà du musical facile à apprendre et répéter, l’existentiel de ce pays, et exprimez-le. Vous verrez que c’est loin du zouk, de la biguine et plus près du gwoka, dont il faut sortir la gangue et faire luire l’amande. En extraire la substantifique moelle et rejoindre Lockel et Guy ConKet.

Attention le voyage est périlleux et on n’en revient pas, car revenir serait trahir et il faut se contenter de ces nouveaux rivages où la solitude peut ravager l’âme.

Bon voyage chers Prométhées, et faites brûler le feu sacré.

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