Le trompettiste Franck Nicolas vient récemment d’exprimer de manière spectaculaire sa déception et sa colère vis à vis du “système” qui d’une part complique fortement la vie des musiciens par une réglementation administrative qui touche souvent à l’absurde, et d’autre part ne reconnaît quasiment jamais le jazz caribéen lorsqu’il s’agit de programmer “du jazz” dans les grands festivals nationaux. Ce constat n’est d’ailleurs pas nouveau, et à ce sujet, on se souvient du festival “C’est pas du jazz“, créé justement pour cela par Steeve Delblond il y a quelques années. Aujourd’hui, c’est surtout le désespoir qui s’exprime, et pousse Franck à entamer une grève de la faim. Pour le soutenir, Sylvain Padra a lancé l’initiative d’une cagnotte Leetchi à laquelle tous peuvent participer. Et, signe peut-être encourageant, de grands médias nationaux n’hésitent pas à relayer le message et même à l’enrichir, de France Musique à Télérama par exemple. Voici le message de Franck.
“1- « Macron m’a crucifié » Il a ordonné des contrôles aux Assedics. Pôle Emploi a décidé que l’asso qui déclare une bonne partie des musiciens de Montpellier, n’était pas viable. Je me retrouve condamné à rembourser 2 ans d’Assedics et on ne me verse plus d’indemnité… Bref, ils me jettent à la rue.
2- J’en ai plus que marre, lors d’un envoi de l’un de mes albums Jazz-Ka aux programmateurs de festivals qu’on me rétorque : « C’est pas du Jazz ». Je dénonce une discrimination évidente à l’égard de la musique Jazz qui vient de Guadeloupe ou de Martinique… Quel musicien des Antilles Françaises a déjà eu une Victoire Jazz de la musique ? Pourquoi n’y a- t-il aucun Martiniquais ou Guadeloupéen sur la grande scène de Marciac (avec son groupe de Jazz Caribéen) ? On n’est pas du niveau des autres ? Est- ce que nos musiques Biguine, Jazz-Ka, ou Jazz-Bèlè, sont si peu intéressantes qu’elles ne méritent pas d’être programmées dans tous les festivals Jazz en France ? Peut-être font-elles peur parce qu’elles prennent racine dans l’histoire de nos îles ?
L’esclavage et l’extermination des Amérindiens Caraïbes demeurent des sujets tabous en France. Pourtant nos musiques ne prônent qu’un message de paix et d’ouverture. En outre, l’engouement du public montre bien l’intérêt de nos cultures profondes et la vente des CDs également, (alors qu’on est difficilement distribué). En revanche, et en vérité on a la chance d’être soutenu par les journalistes de Jazz et autres, mais à part quelques programmateurs qui nous connaissent bien, la majeure partie des autres minimisent notre art et boudent nos musiques ! Nul n’ignore que le Jazz a été inventé par le peuple Créole : Jelly Roll Morton, Louis Armstrong, Sydney Bechet etc. Il me paraît légitime de demander à avoir les mêmes chances qu’un trompettiste français de souche pour les programmations Jazz en France et face aux Victoires Jazz de la musique, ce qui est bien loin d’être le cas… Si un Antillais est français pourquoi n’a -t-il dans les faits, pas les mêmes chances ?”
Revue de presse…
La cagnotte Leetchi montée par Sylvain Padra : https://www.leetchi.com/c/en-solidarite-avec-franck-nicolas
Ce que dit Franck Nicolas est plus que vrai !!! Mais en Guadeloupe même on ne programme pas beaucoup de négropolitains, ” Gwadloup en nou !”, même le fanzine Bananier bleu ne chronique pas beaucoup ou pas du tout d’Afropéen de métropole !!! Les citadelles sont bien gardées malheureusement . Kimbe ,mojo