C’est le fruit de l’étrange période du confinement que nous avons vécu début 2020 – qui a d’ailleurs inspiré de nombreux artistes. Un album très contemplatif, en solo, pour le pianiste Grégory Privat, aux influences entre musique contemporaine, jazz et Caraïbe. Sur Yonn, Grégory Privat est au piano et à la voix – plus que véritablement au chant – dont il fait un second instrument de dialogue à part entière, et qui construit autour du clavier un univers dépaysant. On pense à Chopin, aussi bien qu’à l’univers de Lyle Mays dans ses arrangements pour Metheny, puis le jazz fait surface, pimenté de quelques harmonies latines, avant de replonger dans la musique contemporaine qu’on entendrait chez Schnittke ou Barber. Yonn est un album cinématique et les synthés qu’affectionne Grégory Privat n’y sont pas étrangers, posant le jeu délié du pianiste sur des nappes aériennes discrètes qui font défiler le paysage. Grégory confirme son talent de mélodiste (Pa Pléré, Song For Jojo) tout en nostalgie tranquille, aussi bien que d’arrangeur, tant pour le piano que les voix (Yonn). Grégory chante – fort bien – principalement en créole, tantôt psalmodiant, interpellant ou murmurant et la voix s’intègre à la musique pour ne former avec elle plus qu’une seule et même entité. Enfin, on est frappés par l’unité qui se dégage de Yonn, qui n’est pas tant une suite de titres qu’une œuvre à part entière, toute en beauté et en grâce. Lumineux !
Yonn (Grégory Privat)
Année : 2022 Label / référence : Buddham Jazz (BJ0211-1)
Personnel : Grégory Privat (piano, voix)
Plus d’information :
- Le site web officiel de Grégory Privat : https://www.gregoryprivat.com
