Sorte de Sun Ra tropical, véritable galaxie à lui tout seul, générant de nombreux satellites, l’autodidacte a composé un univers musical inouï. Les déroutantes calligraphies qui lui servent de partitions montrent que l’on tient là un ovni. Un original capable, par la grâce de sa poésie malicieuse emplie des émanations de la nature, de faire résonner une bouilloire comme de transformer les cris d’un cochon en ode à la joie. Tout ce qu’il touche devient musique. Même lorsqu’il aborde les rivages du jazz le plus savant, il parvient à en faire autre chose qu’une vaine démonstration. Le sorcier d’Alagoas (Brésil) a toujours su conjuguer sa singularité aux pluriels d’un collectif converti à ses visions iconoclastes. Au-delà de ses débuts vers 1960 (avec « Conjunto Som »), ce fut particulièrement le cas dans ces années 70 où, après un passage éclair dans le Miles Davis électrique, le génial albinos révéla une série d’albums fondamentaux.
Hermeto Pascoal
À plus de 80 ans aujourd’hui, le vieux maître joue toujours aux apprentis sorciers, en sextet, inventant une grammaire surréaliste où le moindre accent tonique interroge la nature même du son.
Barbe blanche et fleurie, le barde Pascoal tient une place à part dans la mythologie des années 70 et la musique brésilienne.