[Abracadabra in jazz] Jazz, art et littérature, un seul monde

La littérature c’est le monde écrit et le jazz c’est le monde sonore ; l’interaction entre les deux est chose naturelle et échange d’amoureux, vice et versa…

La littérature parle jazz souvent et le jazz ramène à lui la littérature. Que d’écrivains éperdus de jazz ! Ce qui se sent et se livre ouvertement dans leurs livres. Tous ceux qui par leur écriture procèdent du rêve, de l’imagination, du délire, de l’émotion, du sensible, de l’extraordinaire, du surréel se reconnaissent avec plaisir dans tous les modes jazzistiques. Poètes, surréalistes, impressionnistes, romantiques, expressionnistes, ont vu dans le jazz un prolongement de leur discours et un parent complice et bienveillant.

Pour citer les plus connus voila quelques noms qui méritent d’être visités dans leurs œuvres où le jazz est présent : Boris Vian, Cocteau, Bataille, Max Jacob, Michel Leiris, Tristan Tzara, Marc-Edouard Nabe, Sartre, Radiguet, pour les français, Jack Kerouac, James Baldwin, Walter Mosley, Chester Himes, Quincy Troupe, Allen Ginsbert, Herman Hesse, Henri Miller, Leroi Jones, Julio Cortazar pour les américains et autres nationalités.

Que de musiciens ont fait appel à la poésie et aux textes littéraires pour donner un éventail plus large à leurs discours musicaux ! Archie Shepp, Amira Baraka , Duke Ellington, Charles Mingus, Clifford Thornton, parmi tant d’autres.

Seule peut être la condition réduite du jazz à l’univers du night-club et les exigences commerciales du disque ont freiné ce qui aurait dû être un partenariat sans obstacle. Réduction et limitation d’un discours original où seule la dimension ludique est retenue et surtout pas la plénitude du discours sur son vécu.

Le système a mis en place les possibles et mis sous contrôle les impossibles.

En ces jours actuels où la liberté de pensée et de découvertes devient exigeante auprès des nouvelles générations vu la contingence quotidienne réductrice, on voit au cinéma, au théâtre, en littérature s’imposer comme véhicule d’expression, ce jazz que l’on avait chassé de ces rivages. Par exemple citons pour le cinéma, le théâtre et la littérature : Shadows de J. Cassavetes, Woody Allen, l’œuvre avant-gardiste de Bob Wilson, le swing de M.E. Nabe pour l’écrit et il y a etcaetera d’œuvres à découvrir où il est utilisé comme piment ou matière essentielle du discours.

Rares sont ici les musiciens qui ont su ou osé faire avec le Jazz. Daniel Maximin est pratiquement le seul. Notre surdité à nous-mêmes est là éloquente.

Mais c’est exact que l’échange interculturel n’est pas si aisé car il met indirectement en cause les fondements esthétiques limités des littéraires envers le jazz et la musique noire en général car souvent leurs critères et formations culturelles sont plutôt occidentaux, aux dépens de leurs racines.

Peu branchés dirait-on car aliénés, hélas !

Nous pouvons prédire que les temps à venir verront de plus en plus la présence du jazz dans la formulation sur le fond et la forme des pratiques littéraires ainsi que des pratiques picturales, théâtrales et cinématographiques directement inspirés de cette praxis afro-américaine nommée jazz…

La voie est ouverte.

Luc Michaux-Vignes


P.S. Quelques ouvrages qui valent le détour :

  • Bill Moody : Sur les traces de Chet Baker. N°497 chez Rivages/noi.
  • Nat Hentoff : Le diable et son Jazz. N° 2583 chez Folio.
  • Collectif : Les treize morts d’Albert Ayler. N°2442 chez Série Noire.
  • Charlie Mingus : Moins qu’un chien. Chez Parenthèses.
  • Walter Mosley : La musique du diable. Chez Albin Michel.
  • Julio Cortazar : Les armes secrètes(La nouvelle L’homme à l’affût. Chez Folio N° 448.
  • Daniel Maximin : L’Isolé Soleil. Chez Seuil.
  • Marc-Edouard Nabe : L’âme de Billie Holiday. Chez Denoël.
  • Pour quelques œuvres de jazz version littéraire : voir le dernier abracadabra les signalant.

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