Nous étions nés ensemble, en 2001. LaKasa était pour nous une source quasi inépuisable d’excellente musique dans une ambiance à la fois familiale et branchée. Je crois que tout le monde ou presque se sentait chez soi dans cette grande salle créole aux boiseries chaleureuses. La programmation permettait autant de voir des pointures du jazz que de donner sa chance à des groupes locaux en devenir. Roy Hargrove, Ronny Jordan, Richard Bona, Mike Stern, Sixun, Etienne Mbappé, Mario Canonge, Jacques Schwarz-Bart, Gino Sitson, Ray Barretto, Lokua Kanza, Magnum Band, Amp Fiddler, Kenny Garrett, Eddie Palmieri, Captain Mercier, La Perfecta, Calypso Rose, Trio Esperança… et aussi Dominik Coco, Simenn Kontra, Zandoli, Famn Ki Ka, Iguane Xtet, Florence Naprix, Erik, Kwaxicolor, Kriyolio, Artefact, Stéphane Castry… A la manœuvre, David Drumeaux s’est battu pour défendre cet éclectisme contre vents et marées au cours des années. Pour réussir à équilibrer le budget d’une salle de spectacle en Guadeloupe, et Dieu sait que c’est quasi mission impossible. David n’avait pas hésité à diversifier l’activité, seule solution possible, y compris en ouvrant un service de restauration, en proposant la salle à la location. Il y a eu des hauts, des bas, mais à chaque fois LaKasa refaisait surface. Jusqu’à ce qu’un jour la coupe soit pleine et que ce 30 septembre 2018 sonne l’arrêt définitif de l’activité. Il faut remercier David Drumeaux qui, au-delà de la programmation d’une salle de spectacle, a toujours tâché d’élever le débat pour faire prendre conscience à la jeunesse guadeloupéenne de la richesse de sa culture – et élargir l’horizon de cette jeunesse à la culture en général. Nul doute cependant qu’il ne s’agit pas d’un point d’arrêt définitif. David est un entrepreneur né et rebondira ailleurs – peut-être là où on ne l’attend pas ! Et si Lakasa n’existe plus, je suis sûr que quelque part une idée qui s’en inspirera renaitra sous une autre forme. Nous étions nés ensemble, en 2001, et aujourd’hui nous nous sentons un peu seuls, nous tournons une page, mais il en reste beaucoup d’autres.
Petit retour par David Drumeaux, à l’époque, sur les concerts de Kenny Garrett à LaKasa