Humeurs africaines (part 2)

La chanteuse Keyko Nimsay présente « Keyko’s dream », gravé avec son Jazz’Aïrya Project. D’origine algérienne, Keyko se frotte à la musique et en particulier au jazz depuis l’enfance. Depuis plusieurs années, en collaboration avec le trompettiste guadeloupéen Franck Nicolas, elle apporte également sa pierre à la musique caribéenne, qu’il s’agisse de biguine ou de ka-jazz. On attendait donc un album en leader depuis longtemps… Synthèse de ces influences, « Keyko’s dream » est le fruit de son expérience, et fusionne de façon tout à fait convaincante les musiques d’Afrique du Nord aux rythmes caribéens et au jazz. Franck Nicolas signe la majorité des compositions, tandis que Keyko apporte paroles et arrangements. Pour porter ce projet, Keyko Nimsay et Franck Nicolas s’appuient sur des musiciens d’expérience. Aux claviers (piano et Rhodes), Mario Canonge trouve une place on ne peut plus naturelle, voyageant avec aisance de la biguine aux envolées vertigineuses d’un bop dans la droite ligne de McCoy Tyner. C’est également un musicien de fusion (Ultramarine…) particulièrement à l’aise dans ce métissage. A la basse, Michel Alibo (Sixun, Sakésho…) est toujours autant discret qu’efficace. Il retrouve également un univers qu’il a déjà côtoyé au sein de « Maghreb and friends » du guitariste Nguyen Lê, en compagnie de Karim Ziad (Ifrikiya, Orchestre National de Barbès). Ce dernier est justement le batteur qu’il fallait pour ce projet, flamboyant comme à son habitude. Par dessus ce trio d’exception, on retrouve avec un grand bonheur le jeune violoniste Jasser Haj Youssef. Celui-ci s’affiche déjà comme une référence en la matière et a déjà été remarqué par Geoffroy de Masure et Linley Marthe avec lesquels il a monté le concept « Last night in Tunisia ». Enfin, Keyko a fait appel au jeune batteur Arnaud Dolmen pour apporter l’assise Gwoka de son projet [Around Midnight].
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La patte de Franck Nicolas saute immédiatement aux oreilles averties. Il apporte son jeu et un son désormais reconnaissables. La diversité des compositions – dont il est majoritairement l’auteur – lui permet d’exposer l’étendue de son talent, et on le sent autant à l’aise sur les harmonies nord-africaines que caribéennes ou purement bop. De la musique gnawa à la biguine, du ka au blues, les mélanges a priori surprenants se révèlent riches d’un matériau que pétrit Keyko avec bonheur. Sur cette musique souvent très rythmée, Keyko nous emmène en un voyage où l’étendue de sa palette vocale trouve à merveille à s’épanouir. Parfois parlé [Maanouara blues], passant des graves les plus rauques [Tassili N’ajjer] aux aigus stridents, avec spleen [Keyko’s dream] ou énergie, et finalement tout simplement jazz, la voix de Keyko nous fait passer par tous les sentiments. Des montagnes de l’Atlas aux rivages de la Caraïbe, le lien n’a jamais été aussi évident.

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