Depuis douze ans, le Festival Villes des Musiques du Monde propose un voyage à travers dix-sept villes et partenaires en Seine Saint-Denis, à Nanterre et Paris et avec la fondation Royaumont. Pour sa 12ème édition, du 13 octobre au 13 novembre 2011, la diversité est au rendez-vous pour un tour du monde, des musiques traditionnelles aux musiques urbaines. Des Balkans, à la Méditerranée, de la Caraïbe à l’Océan Indien, c’est l’occasion de découvrir les saveurs, légendes et cultures des artistes invités. Pour cette année, plusieurs dates s’inscrivent logiquement dans le cadre de l’année des outremers avec des artistes venus de la Réunion, les Antilles et la Nouvelle Calédonie. L’ensemble de la programmation, très riche et éclectique, est disponible en ligne sur le site du Festival (villesdesmusiquesdumonde.com). On passe ainsi de la chanson espagnole (Nilda Fernandez), aux polyphonies corses (A Filetta) en passant par l’électro-klezmer de Yom & the Wonder Rabbis et pour aboutir au bal créole emmené par Jean-Philippe Grivalliers et Roger Raspail ou encore au folk camerounais de la jeune Kareyce Fotso. Du côté des outremers donc, plusieurs projets sont mis à l’honneur.
Dimanche 16 octobre 2011 – Aubervilliers – Espace Fraternité – 18h : Danyèl Waro (Réunion)/ A Filetta (Corse) : « Complicités insulaires ». Ce projet est né de la rencontre du Réunionnais Danyèl Waro et du corse Jean-Claude Acquaviva. Poète réunionnais, Danyèl Waro porte le maloya, légué par les esclaves, au degré le plus haut de communion avec ses musiciens, chanteurs et auditeurs. Aussi coriace l’un que l’autre, aussi viscéralement attachés à leur îles. Deux « résistants », deux défenseurs de leur langue, deux poètes.
Jeudi 3 novembre 2011- Le Blanc-Mesnil – Le Deux pièces cuisine – 19h (Gratuit) : Djembé Freestyle avec Roger Raspail (Guadeloupe). Sous la direction de Roger Raspail le Djembé Freestyle se métamorphose en « African Lewoz » et prend des couleurs d’Outre Mer. Le rendez-vous des percussionnistes, danseurs et musiciens s’enrichit du savoir-faire de Roger Raspail pour cette soirée exceptionnelle. Le maître du gwoka de Guadeloupe installe l’ambiance d’un Lewoz. Roger Raspail côtoie dès son plus jeune âge, les figures de proue du Gwoka, musique traditionnelle de sa Guadeloupe natale. Il en apprend les bases musicales auprès de Vélo, Guy Conquête, Anzala, mais aussi le sens politique et militant. En 1976, il arrive à Paris et atterrit au Centre américain boulevard Raspail, il y rencontre des danseurs et musiciens congolais et haïtiens avec qui il collabore pour de nombreux spectacles. Puis il y a la rencontre avec Johnny Impossible (Steel drum), avec qui il joue dans les couloirs du métro parisien. Il est repéré alors par le CROUS pour donner des cours de percussions à St Germain des Près. Il comprend alors très vite la nécessité de transmettre son savoir et expérience. Depuis des années, parallèlement à sa carrière de musicien, il anime, communique et enseigne aux jeunes de toutes origines à travers de nombreux stages et ateliers dans divers espaces et festivals (Angoulême, La Réunion, …). Il forme et initie la famille Diabaté, cinq frères et sœurs maliens et griots, qu’il suit depuis qu’ils sont tout petits. Leur création musicale est présentée dans le cadre du festival Villes des Musiques du Monde, à l’espace Fleury Goutte d’Or, au festival El Jem en Tunisie, au New Morning, au Baisé Salé… . Aujourd’hui Roger Raspail révèle qu’être musicien est une « manière d’être et de comprendre ». Il n’a qu’un seul rêve en tête : organiser avec les Diabaté une tournée en Guadeloupe puis au Mali et enregistrer un album.
Dimanche 6 novembre 2011 – Aubervilliers – Espace Renaudie – 16h : Dick et Hnart (Nouvelle – Calédonie) « Voyage en Nouvelle Calédonie ». Une occasion de faire découvrir aux plus grand nombre la culture Kanak. Leurs chansons ressemblent au ballet des couleurs sous la surface du lagon qui entoure Maré, leur île. Là-bas, dans cette Nouvelle-Calédonie des antipodes, la voix des vagues sur le corail apprit à leurs ancêtres à chanter l’harmonie. Avec sa jolie femme Hnatr, Dick a mené le combat à travers ses chansons pour la reconnaissance de la culture kanak. Pionniers du kaneka, leur musique est aujourd’hui au Pacifique ce que le reggae est à la Caraïbe : une danse de résistance et une leçon de respect de la nature.
Jeudi 10 novembre 2011 – Bobigny – salle Pablo Neruda puis au Canal 93 – 19h30 : Le Bal créole « Voyage au sein des musiques marronnes ». Cette scène à géométrie variable musicale et pluridisciplinaire est là pour affirmer … qu’avant le Zouk sévissait le bal ! Avec un cercle associé de musiciens caribéens vivant en métropole, elle renoue avec la tradition festive du bal que l’on appelle quelquefois « Mizik d’Antan » ou « Bal Gran Moun » – tel le fameux Bal Nègre de la rue Blomet fréquenté par les surréalistes qui à partir des années 20 a révélé le légendaire clarinettiste Stellio. On y retrouve aussi cette tradition de « punchs en musique » d’où sont sortis les Tabou Combo ou autre Malavoi. Parées d’un charme sans égal, leurs biguines, polkas, mazurkas et valses tropicalisées annonçaient le Tout-Monde d’Edouard Glissant : une créolité innovante, fière de ses métissages, nourries d’héritages et d’emprunts. Avec ses orchestres de personnages pittoresques, ses conteurs, ses projections de films (et autre bain de culture et de Ti-Punch bien dosé), Le bal Créole, transgression de l’appellation doudouiste qu’il évoque, est aussi une plongée dans les terres marronnes, un cabotage à travers les métissages improbables de ces poussières d’île plus mystérieuses qu’elles n’en ont l’air. Avec Jean-Philippe Grivalliers (concert et initiation à la danse), Philippe Cantinol (conteur), Max Cilla, le poto-mitan de la flûte des Mornes et Kongo Kween.