Nando – Stéphane Fernandez, 2012

Nando - Stéphane Fernandez, 2012A l’autre bout du monde – encore que c’est une question de point de vue – Stéphane Fernandez est un véritable activiste culturel, qui porte en particulier haut et fort les couleurs du jazz en Nouvelle Calédonie. Guitariste talentueux, il enregistre un premier album en 2008, « Mana Ia », sur lequel on retrouve Mario Canonge, Mokhtar Samba, Linley Marthe, parmi d’autres. L’année suivante, il monte carrément un festival, le « N.C. All Stars » qui se déroulera sur la scène du centre culturel Tjibaou, avec les mêmes mais aussi par exemple Andy Narell. Car pour Stéphane « le plus beau jazz est fait non pas par les américains, mais par les musiciens d’Afrique, des “intertropiques”. Tous ces musiciens sont incroyables, ils ont assimilé la culture jazz, mais avec le formidable pouvoir de groove dont ils disposaient et ça donne toute cette belle “fusion” même si je n’aime pas le cliché ». En 2011, Stéphane Fernandez participe à l’émission 9 semaines et un jour, mais surtout retourne en studio pour graver les pistes de son nouvel album à venir. Début 2012, il est d’abord invité au festival de guitare de Tahiti, avant de pouvoir se consacrer à la sortie de « Nando » qui a lieu en juillet. Nous y voilà !

Alors ne cherchez pas, « Nando », c’est tout simplement lui, Stéphane Fernandez… un diminutif affectueux qui remonte à… longtemps. Et donc à travers cet album, Stéphane nous parle de lui, de la musique qu’il aime, diverse mais toujours mélangée aux facettes variées de ce jazz épicé. Du blues à la biguine, du Brésil à l’Espagne, on voyage. Le jeu de Stéphane Fernandez, à la guitare sèche, parfois amplifiée, est avant tout celui d’un guitariste de jazz, technique, précis (« Brazzil ») mais capable d’exprimer également des sentiments d’une grande justesse comme dans l’irrésistible « Héritage » ou encore « Etude en Mi Mineur n°4 ».

« Nando » est donc un disque de « jazzs ». Stéphane sait écrire de belles mélodies, qui restent gravées dans la tête, sait jouer d’une virtuosité non gratuite, et respecte dans ses arrangements, l’esprit des musiques qu’il aborde, qu’il s’agisse du blues inquiétant de « Groove insane » ou bien de la joyeuse « Valse antillaise ». Encore une fois, Stéphane s’est entouré de grands noms du jazz métissé. Mario Canonge est évidemment à l’honneur – et à l’aise ! -, et l’on retrouve aussi pour l’occasion Jean-Philippe Fanfant. Ajoutez Vincent Bidal – formé auprès de Mokhtar Samba – Linley Marthe et Chander Sardjoe, pour respirer le parfum inimitable de la rue des Lombards. Andy Narell est très présent sur l’album, et comme toujours, très juste. On l’appréciera particulièrement en duo avec Stéphane, dans un hommage à Marseille, « Massalia ». On retrouve également le bandonéon exquis de Juanjo Mosalini sur « Héritage » et l’accordéon de Christian Toucas sur « une bossa pour toi ».

Je vous conseille donc vivement « Nando », que vous pouvez retrouver en ligne sur les principales plateformes de téléchargement. Côté distribution physique, l’album est surtout dans les bacs des disquaires calédoniens pour l’instant, mais tout espoir n’est pas perdu de finalement le trouver également en métropole. En attendant une venue de Stéphane Fernandez dans l’hexagone, ce qui serait somme toute économique puisque dans ce sens-là, il serait le seul à devoir prendre l’avion ! Chers distributeurs et producteurs, si vous lisez ces lignes…

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