Ouverture le 21 juin du Centre Culturel Sonis ouvrage sous la juridiction de la commune des Abymes et dont la direction est confiée à un musicien tourné vers toutes les musiques : nous voulons dire Christian Amour.
Passionné de musique Christian veut faire de ce lieu superbe architecturalement un haut lieu de la musique de création, de représentation, de répétition et de composition au service de toutes les musiques, toutes.
Il y a impératif à en prendre possession en se joignant à toutes les énergies positives et constructives qui vont se lier pour rendre Sonis vivant de musique et de danse.
Au moment où des bruits pseudo-musicaux se veulent musique alors qu’ils ne sont que les vils serviteurs et esclaves du marché, leur maître, il est réjouissant de voir la naissance de Sonis.
En ce lieu où le partage et la communication seront érigés en dénominateur commun, les artistes pourront à loisir, par la réunion de deux conditions, la tolérance et l’autonomie, se livrer aux délices de l’improvisation et à l’exigence de la composition.
Il serait de bon aloi et d’à propos de constituer un fond documentaire fait de revues et de livres sur toutes les musiques et particulièrement sur celles qui ne sont pas citées par les thuriféraires de l’art occidental, souvent aveugles par intolérance ou préjugés envers des œuvres et des artistes que l’histoire coloniale ou esclavagiste a dédaigneusement ignoré.
Nous pensons aux compositeurs suivants, Samuel Coleridge-Taylor, Duke Ellington dont une grande partie de l’œuvre est d’essence classique, nous dirons black classique, Scott Joplin, Leslie Blades, Anthony Davis, Eleanor Alberga et d’autres au Brésil ou au Mexique.
Il est en ce lieu possible de réunir les œuvres de tous ces compositeurs afro-américains et de les rendre accessibles aux oreilles d’ici, trop souvent manipulées ou intoxiquées par l’ethnocentrisme occidental. Oeuvre de découverte et de décapage d’idées reçues.
Ce que nous disons sur la musique, on pourrait le dire pour la danse où de grands créateurs d’origine afro-américaine apportent leur génie et leur talent à l’élaboration de la danse moderne internationale. Harlem Dance Theater, Katherine Dunham, Bill. T. Jones, Alvin Ailey, Garth Fagan, et bien d’autres aux U.S.A ou à Cuba ou au Brésil, doivent être vus, car à l’avant-garde de la recherche et de la composition chorégraphique
En ce qui concerne le tronc de l’arbre c’est à dire ce qu’il est convenu d’appeler le jazz en dépit de sa signification péjorative (lire Miles, Nina Simone ou Duke Ellington sans oublier Max Roach) et que l’on pourrait nommer la grande musique noire classique, il sera important d’en étudier l’histoire, de mettre en évidence son rôle indispensable dans la libération des afro-américains aux USA. Particulièrement en lisant transversalement les héros de cette histoire souvent ignorés ou écartés de la scène et relégués hors champ. Des Cecil Taylor, des Ornette Coleman, Fats Navarro et d’autres, trop peu cités (et pour ici Robert Mavounzy par exemple) méritent le voyage et la visite car ils ne font pas partie de ceux qui se sont courbés devant le système, toujours soucieux d’émasculer la force rebelle du « jazz ».
En ce lieu la véritable histoire de notre musique pourra être dite par des « speakers » invités, et discutée lors de débats où il ne s’agira pas de juste entendre la musique sans lui donner une signification socioculturelle fortement politique au sens noble du terme.
Formidable lieu qui peut voir la culture musicale enfin partagée et prônée par tous, musiciens et amateurs ou aficionados. A vous de jouer et de tenir cette gageure. Faisons de Sonis notre affaire et parions sur Christian et la bonne vision culturelle du maire des Abymes, Daniel Marsin. Si vous n’étiez pas là le jour de l’ouverture n’hésitez pas à visiter Sonis et à parler à Christian ou à son assistante.
En conclusion il faut noter que la culture commence à être perçue par nos hommes politiques comme une dimension incontournable de notre développement. Les fruits seront là dans peu de temps et certainement savoureux.
