Je ne suis probablement pas le mieux placé pour parler de Kafé, qui vient de nous quitter. J’ai cependant eu le privilège de le rencontrer plusieurs fois, et les discussions que nous avons pu avoir m’avaient marqué. Vous remarquerez peut-être que très curieusement, Kafé n’a pas sa biographie sur le Bananier bleu – enfin, pas encore. Et pourtant, le projet existe de longue date. Kafé était plutôt méfiant vis-à-vis des technologies numériques, et cette attitude m’a toujours paru plutôt saine. Du coup, lorsque j’avais proposé d’écrire un texte sur lui, la réflexion avait pris du temps. Finalement, Kafé m’avait invité à venir en discuter. Je me souviendrais longtemps de cette soirée, chez lui à Chauvel, où il avait pris le temps de me raconter sa vie, et surtout son travail passionné autour du gwoka et en particulier du gwoka moderne. Dans la moiteur de cette nuit-là, au son des grillons, an kaz la, décorée de grands panneaux représentant les rythmes du gwoka, j’ai écouté, pris des notes, questionné, et Kafé avait parlé et parlé, m’avait montré la batri-ka, sa grande fierté innovatrice. Bref, j’avais presque tout pour rédiger ce que je voulais, et la lenteur de la suite est probablement de ma faute. Le texte est resté inachevé pendant de longues années. Puis Kafé est tombé malade, mais a réapparu au bout de quelques mois, et venait dès qu’il le pouvait, assister aux concerts, souvent à Sonis, proche de chez lui. Je me souviens de son sourire quasi permanent quand il pouvait se rapprocher de la musique, et quand on prenait le temps de discuter avec lui. Récemment (en 2015…), grâce à un nouveau contact, j’ai pu finir de rédiger ce texte, que j’ai malheureusement dû mettre à jour hier soir. Je tâcherai de poster cette biographie rapidement ; techniquement, il me manque deux éléments : une ou deux photos autorisées pour illustrer le texte, et surtout, la liste précise de ses enregistrements. Si tout le monde connait Jili de nom, les références précises de ces disques quasi introuvables aujourd’hui restent difficiles à cerner ! Bon voyage, cher Edouard « Kafé » Ignol, que la terre te soit légère.