Le site américain Billboard rapporte que Best Buy (https://www.bestbuy.com/), l’une des plus grosses entreprises de vente de matériel électronique aux Etats-Unis, envisage de ne plus payer les CD aux labels que s’ils ont été achetés par les consommateurs. En clair, au lieu d’acheter les disques aux labels – avec des clauses de retours –, ils décident de passer au dépôt-vente… Autant dire que ça ne sent pas bon pour l’avenir du CD. La petite assurance qui restait encore aux labels en cas de mévente d’un album volerait alors en éclat pour de bon. Et la conséquence immédiate sera que les labels ne presseront plus que les CD qu’ils seront sûrs de vendre ! Best Buy prévoit de mettre cette procédure en place dès juillet prochain. Demain donc… Ajoutons que ce n’est que le début de la vague. Amazon, Wallmart, Target etc. sont aussi sur les rangs.
Même s’il est vrai que l’on est de toute façon déjà proche de cette situation, les majors ayant des préoccupations avant tout économiques, le clou sera dès lors définitivement enfoncé… . Il y a en effet fort à parier que l’enveloppe réservée par les labels à la prise de risque culturelle sera des plus réduite. Le support physique de la diversité subira un sort comparable à celui aujourd’hui des films qui sortent directement en DVD, sans passer par les salles obscures. La diversité ? Directement au streaming (parce que le téléchargement, hein, même combat… perdu à assez court terme). Et donc, uniquement en qualité audio réduite.
En fait, seuls les indépendants continueront à investir dans le CD, et même là, pas sûr que cela dure très longtemps. Petits labels et artistes isolés pratiquent déjà depuis longtemps (à leur grand dam d’ailleurs), le dépôt-vente que leur impose leur distributeur. Ou bien ne distribuent plus et vendent uniquement lors des concerts. Mais si de moins en moins de CD sont fabriqués, on peut également prévoir que leur coût de fabrication va petit à petit augmenter… Et là, c’est un arrêt définitif qui se profile à moyen terme. On ne peut même pas envisager un marché de niche de type collector, car l’objet ne fait pas vraiment rêver, à la différence du vinyle, qui revient en force ces dernières années. D’ailleurs, un peu trop parfois, les majors rééditant tout et n’importe quoi n’importe comment, et le vendant à prix d’or, ce qui pourrait aussi porter préjudice à cette résurrection, mais c’est une autre histoire.
Bref, les supports physiques de la musique vont mal, et les prévisions ne sont pas très optimistes. Reste à tabler sur un retour durable aux valeurs concrètes du monde, dans une société lassée de la dématérialisation à outrance qui se développe depuis vingt ans. Pas impossible du tout…
L’article de Billboard, à lire en ligne (et en anglais) ici : http://bit.ly/2BY27LH
[Edit 08/02/2018] : L’IRMA publie justement un point très complet sur l’état des supports physiques pour la musique (http://www.irma.asso.fr/Quand-le-support-physique-se). Peut-être un peu moins pessimiste que moi, mais ne prenant pas en compte (l’info n’était peut-être pas sortie) cette nouvelle posture des gros revendeurs.