Edouard Ignol dit “Kafé” – trompette et ka
Biographie
Edouard Hélène Ignol naît à Saint-Louis de Marie Galante en 1941. Il passe son enfance sur « la Grande Galette » et n’arrive en Guadeloupe continentale qu’à l’âge de douze ans. Rapidement attiré par la musique, il joue le rôle de roadie pour le groupe de son quartier, Fairness. Après son service militaire, et avec ses économies, Edouard s’achète des disques et anime à l’occasion baptêmes et mariages. Parmi ses disques fétiches se trouve le succès d’Eddie Palmieri, « Kafé » qui lui vaut rapidement son surnom, désormais connu de tous.
Kafé débute ses études musicales par le bugle, au sein du groupe de la maison des jeunes de Pointe-à-Pitre. Finalement, il passe à la trompette, et décide à 24 ans de devenir musicien professionnel. Influencé au départ par Miles Davis, Louis Armstrong ou encore Clifford Brown, sa rencontre avec Gérard Lockel en 1969 sera décisive pour la suite de sa carrière. Le maître du Gwo Ka moderne le convainc de se tourner vers sa culture et la musique de son pays.
Délaissant momentanément la trompette, Kafé entreprend l’étude approfondie des rythmes du Gwo Ka. Il travaille avec les maîtres Ka traditionnels, parmi lesquels Velo, et s’attelle à en traduire formellement tous les rythmes. Il décompose également les sons du Ka. Tout son travail débouche sur la création d’instruments spécifiques comme le Boulaka, le Twa-Ka, qui décompose les trois sons de base du Ka, ou encore la Battrika qui permet à un batteur classique d’allier la richesse du Ka à celle de la batterie. Plus encore, Kafé marie le jeu de la trompette à celui du Ka.
En 1973, Kafé monte son premier groupe et commence à se produire dans toute l’île. En 1979, il réalise son premier concert au Centre des Arts de Pointe-à-Pitre. C’est en fait un véritable mini-Festival, intitulé « Trois jours pour le Ka » et au cours desquels le groupe se produira auprès de nombreuses formations traditionnelles et de nombreux maîtres prestigieux. Kafé réalise son premier disque en 1982. On y retrouve déjà un guitariste qui s’illustrera par la suite dans une autre mouvance du Gwo-Ka moderne, Christian Laviso, ancien élève de Kafé. L’album suivant, « Jili » sort en 1991.
En 1992, le sort s’acharne sur Kafé qui perd archives et instruments dans l’incendie de sa maison. Cependant, Kafé ne baisse pas les bras et l’album Gwo-Ka Metamowfozis voit le jour en 1993. Mais l’œuvre importante de sa carrière reste l’opéra ka « Jodi Mal Papay » qu’il écrit, met en scène puis présente au public guadeloupéen en février 2000 à l’Artchipel. Cette même année, il reçoit la médaille d’or des grands musiciens de l’île.
Kafé continue à se produire avec son orchestre, au sein duquel on retrouve quelques valeurs sûres de la musique guadeloupéenne, telles que Franck Nicolas (tp), Jean-Claude Descieux (sax) ou Jean-Marc Bellon (kbd). Il participe ainsi au Festival Jazz à Pointe-à-Pitre en 2000, en première partie d’Archie Shepp, à la 13ème édition des Nuits Culturelles de Rivière-Pilote en Martinique en 2001. En 2002, il participe au Festival de Blues de Marie-Galante, ainsi qu’au premier Guadeloupe Jazz and World Music Festival de Gosier. En fin d’année, il est associé au pianiste Randy Weston, présent en résidence d’artiste sur l’île, pour élaborer et présenter une œuvre commune.
A côté de ces activités, Kafé enseigne ce qu’il a appris, continue à construire et à développer ses instruments, et participe même à des séances de musicothérapie. En 2007, Kafé tombe gravement malade et doit se résigner à abandonner l’interprétation de la musique. Il est moralement soutenu par tous les musiciens de Guadeloupe, et en 2012, reçoit un Elwa d’Or pour l’ensemble de sa carrière, qu’il fait l’effort de venir chercher sur la scène de l’ArtChipel. Malgré ses difficultés, Kafé est resté très au courant de l’actualité musicale guadeloupéenne, et n’hésitait jamais, dès qu’il le pouvait à fréquenter les salles de concert dans lesquelles il était toujours accueilli avec une grande amitié et un grand respect. Kafé est décédé à Pointe-à-Pitre le 3 octobre 2017.
Magnifique article, merci pour votre super blog et BRAVO !
Florence