Le quartet augmenté de Sonny Troupé était invité sur la scène de l’amphithéâtre d’O, dans le cadre du Festival Radio France et Montpellier 2021. C’est un retour, cinq ans après la dernière prestation du groupe sur ces mêmes planches. Ambiance un peu étrange, dans le cadre des conditions actuelles sanitaires qui restreignent fortement la spontanéité qui caractérise d’habitude les concerts du festival. Un auditoire donc un peu réduit, mais d’une part tout de même suffisant pour que l’amphithéâtre paraisse raisonnablement fréquenté, et d’autre part acquis à la cause de la musique proposée par Sonny Troupé.
Cette année, c’est Alex Dutilh qui officie pour présenter les groupes, avec sa passion habituelle, qui transparait avec tant de naturel. Puis place au live. Sonny Troupé a concocté un programme qui plonge dans ses deux derniers albums – Voyages et Rêves, et Reflets Denses – mais s’écarte aussi vers les compositions de deux références du gwoka moderne, Gérard Lockel d’abord, ainsi que Georges Troupé, son père, également fondateur de Kimbol, véritable creuset musical en Guadeloupe dont nombre des talents actuels sont sortis.
Autour de Sonny, c’est d’ailleurs désormais une vraie famille qui joue, et qui s’entend aussi bien sur scène qu’à la ville. L’inamovible et flegmatique Mike Armoogum, à la basse, est un fidèle de plus de dix ans, qui “tient la maison”. Leonardo Montana est désormais l’un des pianistes de référence du quartet et ses échanges permanents avec le batteur au long du concert sont un vrai régal. C’est aussi un musicien à la culture musicale incroyable, comme il le montre encore dans une introduction complètement baroque en duo avec la flute magique de Thomas Koenig – qui officie également au sax ténor – , avant de plonger dans la chaleur du kaladja. L’autre soufflant est encore un habitué, Raphaël Philibert, qui ce soir est resté au sax alto, quand on a vu que parfois les doigts semblaient le démanger pour rejoindre les ka. Car justement, Sonny Troupé avait invité le jeune percussionniste Andy Bérald pour tenir les ka – alternativement au boula et au maké, selon que le leader le rejoignait ou non pour des duos d’anthologie. Une découverte pour moi – il n’a joué que trois concerts avec Sonny ces dernières années – mais un jeune musicien plus que prometteur dont on attend désormais avec impatience de le revoir sur scène.
Sonny nous a raconté des histoires comme il sait si bien le faire, a fait participer avec bonheur un public enchanté sur le bien nommé Ansamn, et nous a ébloui par son jeu tellement riche et varié. On l’a également entendu chanter et même scatter par moment, de nouvelles cordes à son arc qui ne manqueront pas de se développer à l’avenir, cela se sent. Bref, le Sonny Troupé Quartet Add 2 a encore une fois conquis le public, pour l’une des soirées les plus réussies du festival !
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