Akoda, aurait pu être le nom d’un plat singulier aux saveurs épicées, mélangeant à la fois, les cuisines de l’océan Indien, celles de l’atlantique et celles du continent européen. Un plat dont l’équilibre gustatif serait le résultat d’une savante alchimie des rythmes et des couleurs.
À l’écoute de Nout’ Souk, on a le sentiment d’une réécriture des rythmes traditionnels antillais par la pulsion du Maloya. Le tout délivre, comme dans Met’ Ansamn, une intrication complexe dans laquelle se mêlent des créoles qui respirent pareil.
Cette intensité rythmique est due également au fait que tous les instruments participent de la construction de la structure. De même que Miles Davis invitait ses musiciens à considérer chaque instrument comme une batterie, de même, dans Nout’ Souk, la voix chantée, scandée, respirée, les répondè, le claquement des mains, affirment la dimension percussive du projet. C’est que l’Afrique n’est pas loin. Et c’est le piano de Valérie Chane-Tef qui nous fait voyager non loin de ses rives. Dans Mafana, il instaure des liens entre les rythmes mouvants qui semblent se cristalliser puis se liquéfier. Dans Zistoir Mon Véli, il nous raconte, par le biais d’un rubato nostalgique, l’histoire peut-être d’un lieu, posant son discours sensible et fort à la fois.
La force de la musique d’Akoda, c’est qu’elle nous fait voir des images, qu’elle nous dépeint des tableaux. Elle emprunte par moments toute la poésie de l’île Bourbon, avec dans le dos les bruits de la forêt et la caresse des premiers rayons de soleil. Poésie qui habite toutes nos îles, unies par les mêmes créoles respirés.
Nout' Souk (Akoda)
Année : 2022
Label / référence : Aztec Musique (CM2795)
Personnel : Valérie Chane-Tef, Franck Leymeregie, Benjamin Pellier + Emmanuel Léveillé, Olivier Ker Ourio, Nita Alphonso