Placez sur une même scène Grégory Privat et son trio, formé avec Samuel F‘hima et Tilo Bertholo, et accompagné de Franck Nicolas et Sonny Troupé. Honnêtement, à quoi pouvez-vous vous attendre sinon à une soirée exceptionnelle ? Et bien mettez la barre encore un peu plus haut, et vous y êtes. Car voilà le spectacle que nous ont offert ces cinq musiciens, au théâtre Christian Liger à Nîmes, et introduit par un Stéphane Kochoyan conquis d’avance, avec raison. Tous se connaissent par cœur depuis maintenant des années, et cette réunion fusionnelle ajoute encore au talent de chacun. Grégory Privat présentait son tout nouvel album, Phoenix, sorti la veille, et composé dans la droite ligne de son précédent opus, Soley. Le répertoire se partageait d’ailleurs entre les deux. Le jazz prend ici des couleurs flamboyantes, résolument novatrices sous les traitements sonores que tous partagent, aussi bien sous le Moog de Grégory, que le groove basse de Samuel, les explosions « philcollinesques » (c’est son propre terme !) de Tilo Bertholo, et même les fulgurances de Franck. La puissance alterne avec les moments de grâce (Lotbò-A dédié à son grand-père), et Grégory passe des messages d’amour (Supernova) autant que de révolte comme dans l’explosif Chlordeconomy. On s’est laissé porter par l’introduction aquatique de Franck Nicolas aux conques, et Sonny, en maitre ka, a fait rugir son tambour, source inépuisable d’ébahissement, devant un auditoire médusé. Grégory Privat et son trio augmenté nous ont régalés, et nous ne pouvons que chaudement vous recommander de ne rater ses prestations sous aucun prétexte, si elles se présentent près de chez vous.