Après deux albums en solo plutôt introspectifs, et quatre ans après Soley, Grégory Privat reprend le fil de l’histoire avec Phœnix, qu’il publie sur son propre label Buddham Jazz. Le pianiste est en pleine lumière, largement méritée cette année, et vient d’être honoré du prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz. Avec Phœnix, Grégory confirme, s’il en était besoin, l’étendue de son talent et la diversité de son inspiration. Pianiste bien sûr, sa maitrise de l’instrument lui permet d’habiter un univers multiforme dans lequel il ajoute désormais de façon clairement affirmée, le chant. Dès Genesis d’ailleurs, qui ouvre cet album allégorique, il nous entraine à sa suite, dans un monde empreint de cette saudade si particulière, entre nostalgie, beauté et espoir. Supernova illustre à merveille, et en créole, ces limbes oniriques. Grégory retrouve ici son trio actuel avec les excellents Chris Jennings à la contrebasse et Tilo Bertholo derrière les fûts. Les deux se glissent avec délectation dans le monde de Grégory, qui leur laisse même parfois les clés (Heliopolis, Phœnix…), avec une finesse qui n’oublie jamais le rythme. Le claviériste convoque aussi l’électronique et les distorsions qu’il marie régulièrement à sa musique, pour un Chlordeconomy militant et quasiment floydesque. Plus loin, c’est le don pour la belle mélodie qui rejaillit, avec le magnifique Lotbò-A, écrit en mémoire de son grand-père, avant que l’album ne se referme sur une note d’espoir en clin d’œil, « l’heure du jugement dernier est reportée ! ». Laissez-vous porter sans retenue par ce véritable poème symphonique en jazz, le voyage proposé par Grégory Privat se fait en première classe.
Phoenix (Grégory Privat)
Année : 2024
Label / référence : Buddham Jazz
Personnel : Grégory Privat (pno), Chris Jennings (b), Tilo Bertholo (dms)
Plus d’information :
- Le site web de Grégory Privat : https://www.gregoryprivat.com/