Petit retour sur la vente en ligne

Comme je suis en veine d’écriture, je profite de la vague pour remettre un peu en perspective la plus-value du téléchargement légal… Si vous aviez déjà la gueule de bois au réveil, vous pouvez probablement vous abstenir de lire la suite immédiatement. Je dis depuis longtemps qu’il est important pour les artistes de pouvoir être présents en ligne pour vendre leur musique. Je n’ai jamais dit que pour autant, ce serait la manne qui sauverait vos revenus mensuels. Pour gérer ceci pour plusieurs artistes depuis quelques années, je peux le constater tous les jours. Malheureusement.

Le site Digital Music News vient de faire une petite compilation de statistiques de vente en ligne pour l’année 2011. Il en ressort clairement que les artistes poussés par des majors récupèrent l’essentiel de la mise au détriment des indépendants. Ce n’est pas forcément une surprise, mais quelques chiffres permettent d’enfoncer le clou. En haut du tableau, dix artistes (Lady Gaga, ColdPlay, Lil’Wayne…) se partagent quasiment 10% des ventes de chansons en 2011. Les dix albums les plus téléchargés représentent quant à eux 6,5% des ventes, et votre dernier album n’est probablement pas dans cette liste…

De l’autre côté, et sur un total de 28 millions de morceaux dans le catalogue de iTunes, huit millions n’ont été téléchargés qu’une seule fois (et je n’ai pas les chiffres de ceux qui n’ont jamais été téléchargés). Plus encore, 94% des chansons n’ont jamais atteint la barre des 100 téléchargements dans l’année. Pour mémoire, en moyenne, un artiste récupère au bout du compte environ 60 cents sur la vente d’un morceau et 4 à 6 euros pour un album… Donc STOP DREAMING !

Ces chiffres me permettent cependant de dire que ce que j’observe pour les artistes dont je m’occupe aujourd’hui, est dans la norme de cette analyse. Le jazz caribéen, bien que peu exposé, n’est pas moins bien loti que les autres. Pas mieux non plus… Alors, faut-il vendre en ligne ou pas ? Oui bien sûr ! Et pour plusieurs raisons. Mais en choisissant judicieusement sa solution. Un préalable cependant, ne mettez en ligne que de la musique de qualité. Ou bien alors, ne vous plaignez de toute façon pas de ne pas vendre.

Etat de la vente en ligne de musique

Il faut mettre sa musique en vente en ligne parce qu’avant tout, c’est un gage d’exposition publique, indispensable pour envisager de remplir un tant soit peu les salles de vos concerts. Il faut mettre sa musique en vente en ligne pour éviter qu’on la trouve uniquement en téléchargement illégal. Vous n’empêcherez pas le piratage (marque indéniable de notoriété !), mais vous proposerez un produit de meilleure qualité, augmenté de bonus introuvables ailleurs (ne serait-ce que le livret de l’album), et donc comparativement plus intéressant. Souvent (pas toujours, ok) les albums sont téléchargés illégalement, et quand ils sont appréciés, achetés ensuite, en ligne, en magasin ou à la fin des concerts. Relire à ce sujet l’article sur le piratage du jazz caribéen.

Il faut mettre sa musique en vente en ligne et il faut s’en occuper ! Ce ne sont pas les iTunes et consorts qui vont faire votre promotion. Ceux qui ont déjà placé des albums à la FNAC peuvent témoigner. Un disque dans un bac, sans publicité, promotion, information etc. y reste. Point. Pareil pour la vente en ligne. Placez un morceau sur iTunes, et la probabilité pour qu’un visiteur tombe dessus (sur 28 millions de titres) ET ait l’intention de l’acheter (un grand maximum de 1 vente pour 100 visites environ…) est très très proche de zéro. Parlez-en ! Informez votre public. Lors de vos concerts, sur Facebook, sur votre site, lors des interviews… Et ensuite, recommencez.

Il faut également bien choisir sa plateforme de mise en ligne. Les systèmes de rétribution varient et cela peut avoir de l’importance, surtout quand les perspectives de vente sont faibles. Les principaux agrégateurs du moment fonctionnent en général avec une combinaison de droit d’entrée et de pourcentage sur les ventes dans des conditions variables (Zimbalam, TuneCore, Ditto…). Les sites comme BandCamp ou SoundCloud ne facturent généralement pas de droit d’entrée, mais ne distribuent pas votre musique sur iTunes et autres. Il vous appartient d’informer vos fans : ces plateformes proposent des lecteurs à intégrer sur vos pages sociales ou votre site web. Sur BandCamp, vous pouvez également choisir d’offrir quelques titres pour attirer les visiteurs. Petit rappel au passage, votre site web est indispensable ! C’est le seul lieu où vous avez la maîtrise totale de la façon dont vous voulez vous présenter. Toutes vos autres pages sur le web doivent d’une manière ou d’une autre, ramener les visiteurs à votre site. Il est primordial d’en soigner la présentation et le contenu. Bref, allez-y, vendez en ligne, mais sachez où vous mettez les pieds. Apprenez à connaître les réalités du marché pour mieux vous en servir et les transgresser le cas échéant, en étant par exemple, visiblement différent !

2 réflexions sur “Petit retour sur la vente en ligne”

  1. Bonsoir,
    Je me suis abonné à Deezer, et je paie 4.99 € mensuel pour écouter la musique que j’aime. Ça me fait 60 € l’année… soit environ 5 CDs… c’est à peu près ce que je consommais !
    Je trouve ce concept intelligent… à la condition que ma contribution parvienne à ceux que j’aime et que j’écoute.
    Est-ce le cas ?…
    Merci de me le dire.

    1. le Bananier bleu

      Bonsoir,
      C’est très difficile d’avoir un chiffre précis pour ce genre de question : combien un artiste touche t-il pour le streaming d’un de ses morceaux sur une plateforme comme Deezer, Spotify, etc. Les prix ne sont pas les mêmes selon les plateformes, selon les pays dans lesquels les morceaux sont joués, etc. Mais on peut avoir un ordre de grandeur. Il est ridiculement bas : de l’ordre de 0,01 à 0,02 euros bruts (c’est-à-dire avant le prélèvement des intermédiaires – enlever encore 10 à 25%) par diffusion. A 0,015 euros en moyenne, et pour 5 euros par mois, vous pourriez donc écouter plus de 300 morceaux…
      Je vous laisse juge. Le concept est intelligent, j’en conviens. Prendre l’habitude de payer, même un minimum, pour écouter la musique, est une bonne chose. Pas sûr cependant que la répartition soit effectivement intéressante pour les artistes. D’où mon point de vue de dire qu’il s’agit avant tout d’exposition publique.

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