[Abracadabra in jazz] Thelonious Monk ou l’art de la litote

Pour Thelonious c’est : moins j’en dis plus j’en dis.

Lester Young qui s’y connaissait en discours essentiel vu que sa vie vécue était réduite à l’ascèse disait au batteur Joe Jones très volubile ” Eh ! Lady Jones you are playing a lot of notes but what is your story? “. Joe en resta bouche bée !

Pourquoi Monk fait-il peur aux musiciens de jazz ? Combien interprètent-ils ses compositions ? Elles sont les pièces les plus jazz possibles allant au cœur de l’esprit animant cette forme de musique afro-américaine.

Monk personnage emblématique de la modernité noire.
Celle qui a dit en 1940 que le jazzman était un artiste et pas un ” entertainer “, que la vie du noir aux States était tragique et qu’il vivait le pire du pire à en crever.

La musique de Monk c’est le diamant froid et glacé dans le caniveau ramassé mais non négociable. Impossible de la récupérer. Extérieure à notre monde du confort et de la charité. Epistrophy, Ruby my dear, Off minor, Ugly beauty, Bye-ya, I mean you, etc.… Quels codes des vies marginales et rejetées ! Mais quelle implacable beauté car inflexibles dans le ” statement “. Monk tells it like it is. Pas de cinéma. Look at your world or the world you make.

Cette conscience qui anime Monk est la marque majeure du be-bop qui est revenu au cœur du jazz. Pour tous les musiciens de ces années 40 et 50 Monk is too much. Monk does not cop out c.à.d. qu’il ne rentre pas dans le rang des dociles. Il est OUT. Pas de prise sur lui car il n’est pas là. Le Hipster harlémiste parfait dirait Norman Mailer. Son monde musical n’est qu’intégrité. Ce qu’il a composé en 40 sera présent en 70 dans ses compositions, toutes en une et une en toutes. Monk is Monk, nobody else. C’est la beauté mathématique de la glace, du cosmos.

A écouter :
* Monk et Milt Jackson sur Blue Note
* Monk et Coltrane
* Monk sur Riverside en piano solo ou en groupes.

De plus il faut l’écouter beaucoup pour arriver à l’essence, car c’est un monde qui se mérite. On comprend l’embarras des musiciens de jazz à interpréter les mélodies de Monk qui les renvoient à eux-mêmes.

Mais si l’exercice est difficile, la réussite est réjouissante.
Comme quoi plus c’est dur plus c’est bon ! Monk, quoi !

See you next time

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