L’album « Métisse Maloya » de Johann Berby est à l’image de sa jaquette, d’une délicatesse à la fois décalée et bien charpentée. S’y distille une lumière fraiche dans laquelle respire la musique, épanouie. Le groove est installé par une basse aussi solide qu’est soyeuse la voix de l’homme.
Est-ce la brise de l’océan indien que « NRN » nous souffle au visage ? En tous cas les accents tout en émotion du violon de Théo Croix ouvrent sur un orient immense face aux parfums de la mer ou peut-être de l’amour.
Il y a quelque chose de romantique qui transpire de l’œuvre, dans cette sensibilité de l’artiste qui s’ouvre à la vastitude du monde. Les thèmes parlent d’amour, de solitude, de mélancolie.
« Sèl » sonne comme une complainte qu’annonce le chant en contrepoint des violons additionnés. Dans « Lo Monde » Berby fait entendre le magnifique grain de sa voix qui, comme un deuxième violon, joue avec la mélodie. « Ebu Twende Ungudia » semble dessiner dans une très belle construction harmonique entre la France l’Afrique et l’Inde les contours du corps d’une magnifique femme métisse…
Mais peut-être ne sont-ce que les rivages de la Réunion à laquelle il rend hommage dans « Romersyman ». Un remerciement comme un ensoleillement de l’île toute entière, une voix qui se pose comme la rosée précieuse d’un matin calme.
« Métisse Maloya » est donc un album écrit de fort belle manière où les lignes mélodiques, à l’unisson, doublent par endroits la voix de Berby ou bien s’émancipent dans des schémas rythmiques syncopés et plus dansant, mais jamais au détriment de la rigueur harmonique.
Métisse Maloya (Johann Berby)
Année : 2014
Label / référence :
Personnel : Johann Berby, Théo Croix, Christophe Mareschal, Michaël Avron + Boba Sissoko, Ernst Rejseger, Lucian Naguy, Stefan Olarius