De nombreux critiques n’hésitent pas à voir en lui le nouveau Gil Scott-Heron. Le compliment n’est pas immérité, mais Anthony Joseph est loin d’être une copie, fût-ce d’un créateur aussi réputé. Né à Trinidad et installé à Londres, Anthony met la vie en rimes avec le sens poétique d’un auteur de premier plan. Écrivain reconnu (il possède à son actif un roman et trois recueils de poésie), il est considéré comme l’une des meilleures plumes de la littérature britannique actuelle. Son œuvre musicale constitue l’autre facette d’un talent particulièrement brillant. Il était en concert au Parc Floral de Paris le 24 juillet dernier, et nous y étions. |
S’il est vrai qu’Anthony Joseph est un poète reconnu, il n’en est pas moins une « bête de scène ». Une preuve que l’image que nous nous faisons bien souvent des poètes est loin de la réalité. Anthony Joseph est plein de vie, de légèreté et de talent. On retrouve à ses côtés son groupe, le Spasm Band, composé essentiellement de musiciens d’origine caribéenne, mais pas uniquement ; le percussionniste venant lui de Slovaquie. Mais qu’ils soient de la Caraïbe ou d’ailleurs ils offrent une chaleur et un rythme incontestables et le public est vite conquis. La musique est riche et aux influences multiples ; n’oublions pas qu’ils sont pour ainsi dire tous installés à Londres, ce qui apporte un petit côté rock épousant à merveille les pulsations caribéennes ! Les morceaux chantés ont aussi leur public, une spectatrice me dira plus tard, que « les paroles ont rendu ce concert encore plus chaleureux ». Et enfin leur présence sur scène est un véritable show. Des tenues, colorées et fluides, aux pas de danses, tout y est !
Plus tard, dans les loges, je demande à Anthony Joseph de m’expliquer le secret de cette formation et, en toute simplicité, il m’explique que c’est un processus qui se met en place au fil des années. On rencontre un musicien, puis un autre, et l’on travaille ! Il a commencé avec Andrew John (basse), au début des années 90, dans un groupe de rock pendant plusieurs années, puis après s’être arrêté pour écrire, il revient avec cette formation.
Pour lui sa musique est comme sa poésie. « Ma musique aborde tout un éventail d’émotions. De la joie, à la tristesse. Mais quand on fait de la musique, il faut accepter les compromis car on n’est pas seul comme lorsque l’on écrit. On ne peut se permettre d’être arrogant en espérant que le public sera sensible à votre poésie alors qu’il s’agit avant tout de musique. Les gens qui viennent écouter un concert ont envie d’écouter de la bonne musique et d’être touchés, je doute qu’ils aient envie de savoir quel bon écrivain on est! Je pense que le public « reçoit » à peu près 20% de ma poésie lorsque je suis sur scène, et 80% de musique ! Et c’est très bien comme cela ! C’est ça les compromis ! »
Avec Anthony JOSEPH voix / Andrew JOHN basse / Christian ARCUCCI guitare / Colin WEBSTER saxophone / Michel CASTELLANOS batterie / Williams CUMBERBACH percussions Quelques liens
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