L’été à Paris a définitivement de bons côtés. D’abord on peut circuler en voiture – je ne sais plus qui me disait l’autre jour que finalement, le plan de circulation de Paris avait tout juste été réfléchi pour le mois d’août… – et on peut se garer (qui plus est gratuitement), même du côté des Halles. Pour une soirée dans la rue des Lombards, c’est parfait. Température agréable – chaud mais pas trop, terrasses ouvertes… Nous arrivons au Sunside.
En cette semaine d’avant 15 août, c’est le trio de Yaron Herman qui tient l’affiche, avec Gerald Cleaver à la batterie et Simon Tailleu à la contrebasse. Evidemment, je n’ai pas vérifié l’horaire – ça commence toujours à 22h00 et ils ne commencent jamais à l’heure… et du coup le premier set est quasiment bouclé à notre arrivée… C’est malin. Qui plus est, c’est bondé. Car sur son nom, Yaron Herman ramène du monde et c’est tant mieux. Bref, ça va se passer debout au bar… Ceci dit, même quand il y a de la place, je finis généralement debout au bar, donc bon, pas trop de dépaysement. Si ce n’est que là, même au bar, ça tient plus du métro à l’heure de pointe que de l’appui nonchalant à la coule sur le comptoir… Faut s’agripper ! On arrive juste à temps pour la reprise de “Message in a bottle”. Belle énergie, que je ne fais qu’entendre car de là où je suis, je ne vois que la batterie et la contrebasse. Cela s’arrangera par la suite. Sur ce thème, Yaron Herman lance le groove en deux mesures avec le gimmick si caractéristique de la basse de Sting. Puis le reste monte peu à peu jusqu’à vous prendre irrésistiblement. Quand Yaron Herman joue debout, pas d’erreur, il y a le feu sur la scène. Alors que l’on commençait à bien entrer dans le bain, c’est directement le break de fin de set. Fallait arriver à l’heure…
Nous profitons des mouvements de peuple pour gagner quelques précieux mètres le long du comptoir, qui nous permettrons d’enfin voir le trio en entier au deuxième set. Technique et stratégie… Discrètement, Elisabeth Kontomanou est venue écouter, et déguste la musique – debout au bar… comme tout le monde. Le deuxième set reprend sur un rythme plus lent, quoiqu’en fait, avec ces trois là, ça ne dure jamais très longtemps. Il faut dire que quand on dit que Yaron Herman joue du piano, il joue de tout le piano… Le clavier certes, mais les cordes, les bords et aussi le xyolphone posé dessus ! On s’assagit ensuite, d’abord avec une reprise de Blowin’ in the wind, puis Blossom extrait du premier album “Thèmes et variations”. Après la partie piano solo, Simon Tailleu enchaine sur un thème à la contrebasse, dans un silence religieux – “Vous êtes bien silencieux !” s’exclamera Yaron un peu plus tard – puis les trois repartent à l’assaut, du latin jazz ce coup-ci.
Minuit et demi, fin du concert… et bis alors, non ? Oui, oui. Ils s’y remettent, et les fatigués étant partis nous pouvons enfin nous asseoir au plus près. Pour qu’un bis marche à fond, il faut un hit, et c’est donc “Toxic” qui s’y colle. Mieux que sur l’album ? En live c’est souvent le cas, surtout dans une telle ambiance. Il y a de tout dans cette interprétation, sauf du Britney… “Pour que ce soit aussi bon, c’est que le matériau de départ n’est quand-même pas mauvais” me souffle Fran dans l’oreille. C’est probablement vrai et doit flatter le compositeur qui a peut-être regretté d’abord que son morceau soit surtout connu défiguré en r’n’b… Groove, jazz, des accents de flamenco, tout se déchaine dans cette version – Yaron de nouveau debout – et soutenu par un impeccable Gerald Cleaver avec lequel la complicité est évidente. Bref, du grand jazz…
Après cela, passage par les terrasses acollées du Sunset et du Baiser salé pour prendre l’air avant d’aller jeter les oreilles à la jam vocale animée par Catia Werneck – dont c’est d’ailleurs l’anniversaire. A l’étage sur scène Catia donc, Vincent Bidal au piano, Roger Carocci aux percussions, Munir Hossn à la basse et le cubain Lukmil Perez derrière les fûts – à la pause, il était venu écouter Yaron Herman à côté. Lui, c’est la troisième fois que je l’écoute cette semaine – à la jam de Thierry Fanfant Lundi, avec Djazil il y a deux jours – et à chaque fois il m’a impressionné. Dans le groupe de Thérèse Henri l’autre jour, il s’est lancé dans un morceau de batterie vaudou solo absolument insensé. Aujourd’hui ça groove brésilien, Catia oblige.
Au changement, Lukmil Perez cède la place à Mokhtar Samba. La scène étant ouverte, ils accueillent une chanteuse japonaise de passage, pour un “Fly me to the moon” un peu approximatif. Derrière, on se regarde, on sourit un peu – sans se moquer, s’il vous plait – et on accélère imperceptiblement le rythme. Tout cela finit dans la bonne humeur. “On a joué, elle s’est fait plaisir, ce n’était pas parfait mais on a partagé, c’est ça la musique” conclura Mokhtar un peu plus tard, avant de disparaître se coucher. Il a une excuse, il prend l’avion demain pour Nouméa, participer au N.C. All Stars Festival organisé par le guitariste Stéphane Fernandez, et auquel participe également Andy Narell. Ce soir, il y en a d’autres qui ont des étoiles dans les yeux et des sourires jusqu’aux oreilles : Cate Petit prépare son départ pour l’Inde avec le groupe d’Etienne Mbappé dans une semaine – et visiblement, elle est enchantée. Vive la musique qui voyage et qui fait voyager !
Plus d’infos :
Yaron Herman / MySpace / Website
Gerald Cleaver / MySpace
Simon Tailleu / MySpace
Catia Werneck / MySpace / Website
Lukmil Perez / MySpace
Mokhtar Samba / MySpace / Website
Cate Petit / MySpace
Photos http://jazzafanny.com/ (fonctionne mieux avec IE…)