Avec Fraktal, le pianiste guadeloupéen Jean-Marc Bellon livre son premier album. Et pourtant, cet encore jeune musicien a déjà une longue expérience derrière lui. Comme souvent, il a beaucoup travaillé pour les autres (avec ?) avant d’avoir enfin pris le temps de se consacrer à son projet personnel. Formé au contact des plus grands (Kenny Werner, Jeff Gardner, JF Jenny-Clark…), il travaille assidûment et fréquente les stages professionnels de Berklee ou Aebersold. Ses qualités de musicien lui permettent rapidement de jouer avec des artistes renommés comme André Condouant, Boy Gé Mendes, Randy Weston ou encore Mory Kanté – à la même époque qu’un certain Gérard Poumaroux, d’ailleurs…
De ces expériences, et de ces voyages, Jean-Marc Bellon rapporte la matière de Fraktal, un disque profondément jazz, très léché, et où se découvrent ses influences, de Bill Evans à Debussy en passant par E.S.T. et Henri Salvador ! L’album s’ouvre d’ailleurs sur un hommage au regretté Esbjorn Svensson, disparu tragiquement en 2008. Avec Thierry Fanfant à la basse et Jean-Philippe Fanfant à la batterie – les cousins ! – Jean-Marc ne pouvait guère rêver meilleure rythmique et meilleur jazz feeling. De « E.S.T. » à « Eastry House » ou « Taïkoï », la démonstration est faite. Fraktal nous fait ainsi voyager, de la Caraïbe à l’Amérique du Nord et à l’Europe, voire même plus loin avec « Agataraba », un savant mélange cool, reggae, oriental aux paroles distillées par Allen Hoist. Souvent très écrites (Bohémia), les compositions de Jean-Marc Bellon affichent leurs références classiques (Arabesque) et l’album se referme même sur un « Dans l’ignorance » dont Erik Satie n’aurait renié ni le titre, ni la musique !
Fraktal nous donne aussi l’occasion de retrouver le bassiste Marc Jalet, avec lequel Jean-Marc développe depuis de longues années une forte complicité, concrétisée dans le groupe Artefact avec lequel il joue dès qu’il en a l’occasion en Guadeloupe. Marc est invité sur deux titres fortement teintés de Caraïbes, « Fraktal » d’abord, titre éponyme, au groove solide et qui donne au bassiste l’espace nécessaire pour s’exprimer, et « Malaka », sur lequel Allen Hoist scatte avec brio. Avec Fraktal, Jean-Marc Bellon a privilégié la composition, la mélodie et le groove à une virtuosité sans âme, et c’est beaucoup mieux ainsi !
Fraktal (Jean-Marc Bellon)
Année : 2011
Label / référence :
Personnel : Jean-Marc Bellon, Thierry Fanfant, Jean-Philippe Fanfant, Marc Jalet, Edmundo Carneiro, Thomas Koenig et Allen Hoist