Certes le Bananier bleu arrive un peu après la bataille, mais le plaisir restant intact, pourquoi s’en priver ? Donc, le palmarès 2023 du jazz en France, tel que proposé par Jazz Magazine et Jazz News, fait la part belle aux artistes ultramarins (et même plus largement), de toutes générations. Bien évidemment, il y a de formidables instrumentistes dans toute cette liste, mais notre point de vue très légèrement biaisé, nous amène à nous régaler de cette mise en lumière, qui reconnait le travail et le formidable talent de ces musiciens que nous suivons depuis de nombreuses années et avec lesquels nous partageons tant d’émotions.
Pour le grand public, la révélation aura probablement été la chanteuse Kareen Guiock-Thuram et son travail autour de l’œuvre de Nina Simone. Même si de notre côté, nous connaissions depuis longtemps son amour pour le chant et la qualité de sa voix. A côté d’elle, Cecile McLorin Salvant continue de briller avec audace (quelle pochette !). Les trois pianistes cités ici sont caribéens et représentent trois générations, du jeune Grégory Privat, à la référence Alain Jean-Marie – cité également pour sa délicate Créole Promenade, issue de la série proposée par Hélène Dumez (et pour laquelle Grégory Privat a également enregistré). Entre les deux, la maison est tenue par un Mario Canonge plus rayonnant que jamais. Les deux complices de Mario sur son dernier album en trio, sont également honorés avec justesse : l’immense Michel Alibo dont la polyvalence éclate au grand jour depuis qu’il se partage entre basse et contrebasse, et Arnaud Dolmen, déjà récompensé par une Victoire du Jazz, et qui nous promet encore de belles choses en 2024. La jeune génération de la basse pousse également à la porte, avec la citation de Swaéli Mbappé, digne fils de son père avec lequel il a d’ailleurs récemment partagé un projet à deux basses. Du côté des peaux et percussions, belle reconnaissance pour Roger Raspail, partenaires de tous les projets de fusion qui comptent, en particulier au sein du label Heavenly Sweetness, mais pas que. Enfin, le saxophoniste Jowee Omicil est à l’honneur avec son album Bwa Kayiman Suite, entre spiritual et free. Inspiré.
Chers Jazz Magazine et Jazz News, il vous sera probablement difficile de reprendre tous ses noms pour le palmarès 2024, mais si vous manquez d’inspiration, je peux vous fournir une ou plusieurs listes alternatives du même acabit, sans aucune difficulté. N’hésitez pas !