Magic Malik – flûte et chant
Biographie
Malik Mezzadri – alias Magic Malik – naît en janvier 1969 en Côte d’Ivoire. “Ma mère raconte que j’étais tout le temps fourré devant la radio, à essayer de reproduire les mélodies avec un petit vibraphone diatonique… J’ai toujours aimé ça, la musique, ça m’a toujours parlé. Il n’y avait pas besoin de mots. Quand j’écoutais certains morceaux, j’entendais du sens…” Malik passe son enfance en Guadeloupe, et se met à la flûte à l’âge de 13 ans, sous la houlette de Marc Rovelas. “Ça a été la révélation. Il m’a fait découvrir Bach, puis Xenakis, Ravel, Stockhausen… J’étais ébloui. J’ai compris que je pouvais devenir musicien dans la vie.”
En 1986, il déménage à Marseille et s’inscrit au Conservatoire. Il y décroche le premier Prix, avant de partir s’installer à Paris. Il rencontre le saxophoniste de Human Spirit au CIM, puis l’année suivante intègre le groupe qu’il ne lâchera plus pendant dix ans. “Une période géniale ! Ils m’ont appris la vie sur les routes, sur scène, dans les loges, dans les squatts… Bref, comment construire une vie à partir de pas grand-chose : tu pars et tu traces, tu avances avec l’amour de ce que tu fais.”
Partir, tracer, avancer… Malik collabore avec DJ Gillb’R, St Germain… En 1998, Malik rejoint le Groove Gang de Julien Lourau. En 1999, cette formation entame une tournée mondiale qui bouleverse profondément Malik. Au retour, il se sent prêt pour se lancer dans un projet d’album sous son nom. “69 96” sera enregistré en quelques jours sous l’oreille attentive de l’ingénieur du son Philippe Avril et avec la complicité de la galaxie de musiciens dans laquelle gravite Malik.
Pour décrire ce projet, il dit simplement : “Cet album, c’est moi au retour de ce tour du monde. On est allé en Amérique Centrale, aux Caraïbes, en Europe du Nord, en Afrique Centrale, en Afrique de l’Ouest… On a traversé des pays où économiquement, c’était dur, la grande misère. Mais le jour où je rentre à Paris, je vais dans le métro, et je me dis que si le confort économique ici est évident, il y a une misère humaine qui est terrible.” Un album de voyage donc, et peut-être aussi un remède mystérieux ramené de contrées lointaines dont les occidentaux auraient quelques secrets à apprendre ? En tout cas, Malik ne peut se résoudre à le décrire en termes techniques. C’est un brassage foisonnant qui se révèle à l’écoute : réinterprétations de trouvailles drum’n bass, polyrythmies africaines, échos de raggas indiens ou de musique bolivienne, riffs de jazz, mélodies qui touchent droit au cœur, développements atmosphériques, salsa “bancalisée”…
Deux ans plus tard paraît “00-237 XP-1”, un album double – plutôt qu’un double album ! – Le premier disque présente un échantillon de son répertoire, dans la lignée de l’album précédent. Sur le second volume (XP-1), Malik, toujours accompagné de l’Orchestra, dévoile ses premières tentatives d’échafauder une langue personnelle, cachées derrière le nom de code XP. Ces pièces étaient travaillées chaque jour en une heure, avant de passer au programme initialement prévu. “J’ai travaillé ma propre approche de l’improvisation et du langage harmonique, mélodique, rythmique. En même temps, je n’ai rien inventé, c’est juste ma manière de regarder des éléments déjà existants. Cela a été un long trajet, il m’a fallu du temps pour trouver ma façon de les assimiler et de les restituer. La série des XP fonctionne un peu comme des photos, chacun capte l’ambiance d’un moment donné.” Steve Coleman, intéressé par la démarche musicale de Malik Mezzadri, apparaît même sur une plage de l’album.
A cette même époque, Malik participe également à plusieurs projets parallèles. On le retrouve ainsi sur le très bel album éponyme du guitariste Nelson Véras, qui fait déjà partie de l’Orchestra. L’année précédente, c’est Franck Nicolas qui l’avait invité à participer à l’enregistrement à New York du premier opus de sa Jazz Ka Philosophy, aux côtés entre autres de Jacques Schwarz-Bart et Alain Jean-Marie.
En 2004, Malik Mezzadri propose avec le Magic Malik Orchestra “13 XP song’s book”. Treize chansons, célèbres ou non, revisitées, décapées ou réarrangées, mais toujours respectées. Magic Malik tenait à revisiter quelques classiques de chez nous, formant part de son background culturel, de ceux, qui un jour ont traversé son esprit, ses oreilles, et ne l’ont plus quitté, marquant à jamais son cortex par une bribe de mélodie, à l’image de J’entends Siffler Le Train de Richard Anthony, qu’il se réapproprie, lui injectant dissonances et rythmiques puissantes, agrémentées d’un final scratché explosant les conventions, redonnant au langage musical toute sa diversité. Des chansons qu’il s’est amusé à retailler à sa mesure, uniquement à travers les vagues souvenirs qu’il avait d’un refrain, d’un air, sans chercher à se remettre l’original entre les tympans, axant sa démarche sur le sensitif et l’émotif, traduction substantielle de cette première fois qui marque pour toujours un être, jusqu’à ne faire plus qu’un avec sa propre personne.
Alors que l’Orchestra poursuit sa route, Magic Malik est aussi invité sur le deuxième album du quartet caribéen Sakésho avec Mario Canonge. D’une manière générale, les Antilles transparaissent toujours dans le travail de Malik. En témoignent, par exemple, le très nostalgique “Caraïbes” dans l’album “Saoule” de l’Orchestra qui parait en 2008. Les expérimentations sont également toujours à l’ordre du jour, et enregistrées live sur “Bingo” (en 2009) et sa suite, “Alternate Steps”, sorti en 2012.
En 2010, Magic Malik obtient une bourse de résidence pour la prestigieuse Villa Médicis. Il partagera l’expérience avec la rockeuse Claire Diterzi et cette attribution un peu “hors habitudes”, à deux artistes ne venant pas des “musiques savantes” (sic) provoquera quelques remous. En 2013, côté Antilles, Malik est de nouveau invité par Franck Nicolas, ainsi que par le batteur Sonny Troupé sur son premier album.
En 2017, Magic Malik se lance dans une nouvelle aventure en quintet, avec sa Jazz Association. Le répertoire est celui des standards, car “En réécoutant Coltrane, il m’est tout d’un coup paru évident qu’il parlait créole… Que le jazz était créole par essence” explique le flûtiste. L’album du projet sort chez Jazz & People en mai 2019.
Autres informations
- Le site officiel de Magic Malik : http://www.magicmalik.com/