
La jeune pianiste Clélya Abraham vient de publier Atacama, son second opus après la Source, paru en 2022. Désert réputé pour la pureté de son ciel propice aux réflexions sur l’essence de la vie, Atacama, ici, est un album pan-créole au sens des mélanges et de la diversité des inspirations qui l’animent. Pour ce projet, Clélya s’est entourée de Kévin Lazakis (guitare et effets), Samuel F’hima (contrebasse) – entendu entre autres auprès d’Arnaud Dolmen et Grégory Privat – et la batteuse franco-brésilienne Ananda Brandão. Ensemble, ils créent un jazz résolument contemporain, où douceur et groove sont inséparables. On y respire de nombreuses inspirations brillantes, à commencer par l’univers de Pat Metheny et Lyle Mays (I Keep Moving, Mabouya, entre autres) qui fleure dans les arrangements, ou encore l’empreinte du légendaire trio EST (notamment dans « Mystique » – prêtez attention aux basses). Avec de telles références, le jeu fluide de Clélya nous transporte, de la Réunion à la Martinique, du Brésil en Guadeloupe, dans un tourbillon qui brasse maloya, samba, gwoka, mais aussi un jazz teinté de folk. Kévin Lazakis joue des climats, tantôt acoustique et parfois distordu, soutenu par Samuel F’hima, tous deux appuyés par les rythmiques d’Ananda Brandão, aussi délicates que précises, aussi subtiles qu’affirmées. Avec Péyi, Clélya revient au gwoka avec un tumblak festif sur lequel elle convie Lionel Louéké pour une ouverture – un lien naturel plutôt – vers l’Afrique. Clélya chante aussi, avec conviction, et donne à Dear Soul une profondeur nostalgique qui donne tout son sens au titre de l’album. Atacama s’affirme comme un second album séduisant, un voyage lumineux, qui confirme le talent de Clélya Abraham, dans une fratrie qui décidément, n’en manque pas !
Atacama (Clélya Abraham)

Label / référence : Aztec Musique (CM5032)