Le nouvel album d’Annick Tangorra s’appelle Springtime, et comme de juste, arrive quasiment pour le Printemps. Après Colorada (2006), puis Confluences (2009), réalisés avec la très forte complicité de Claude Sommier, c’est à Mario Canonge qu’est revenue la lourde tâche de réaliser Springtime. Il signe également quelques-unes des compositions du disque, avec Tony Rabeson, Alain Jean-Marie et Etienne Mbappé. Peut-être est-ce dû à l’anglais, très présent dans l’album et dès l’entame du disque, mais Springtime sonne délibérément plus jazz (est-ce que ça veut même dire quelque chose ?) que les deux premiers albums de la chanteuse. Les arrangements de Mario Canonge y sont certainement aussi pour quelque chose, pour le meilleur d’ailleurs, et fournissent à la voix d’Annick Tangorra l’écrin parfait pour épouser la chaleur qui s’en dégage naturellement. La rythmique de Thomas Bramerie et Tony Rabeson complète à merveille l’ensemble, par son swing tout en finesse, et le trio inscrit ainsi Springtime dans la lignée du dernier album du pianiste, Mitan.
On retrouve avec plaisir l’univers tropical de la chanteuse, qui mêle au jazz les Antilles (Destiny Destination) et le Brésil (Vouvoka). Les deux se partagent d’ailleurs batterie et percussions sur plusieurs titres, avec d’un côté l’excellent Arnaud Dolmen, et de l’autre Adriano Tenorio, jeune révélation de plus en plus demandée, vu par exemple récemment aux côtés de Gregory Privat, ou bien au sein du trio CAB. Springtime est un album optimiste, souvent joyeux, même dans les moments plus intimistes comme la Méditation proposée par Etienne Mbappé, ou bien la reprise de Duke Ellington, Melancholia, en duo avec Alain Jean-Marie. Ce dernier revient également pour accompagner Annick sur l’un de ses propres standards, Italian Dream (voir l’album Fanny’s Dream de Roger Raspail, ou encore That’s What, piano solo). L’album s’achève sur une interprétation de Mimosa, d’Herbie Hancock, et aucun autre choix n’aurait pu mieux symboliser l’arrivée du printemps méditerranéen, cher au cœur d’Annick Tangorra.
Springtime marque donc le retour réussi – et attendu – d’Annick Tangorra sur la scène musicale. La chanteuse prolonge avec bonheur l’univers musical de Tangora. Elle prend ainsi des marques heureuses pour le faire évoluer en compagnie de musiciens de talents, au premier rang desquels Mario Canonge, un choix qui se révèle, au bout du compte, tout simplement évident !
Springtime (Annick Tangorra)
Année : 2014
Label / référence :
Personnel : Annick Tangorra, Mario Canonge, Alain Jean-Marie, Thomas Bramerie, Tony Rabeson, Arnaud Dolmen et Adriano Tenorio
Retrouvez Annick Tangorra en concert au New Morning le 13 mars prochain, et en ligne sur son site web officiel.