Alain Jean-Marie – piano

Biographie
Né en 1945 à Pointe-à-Pitre, Alain Jean-Marie apprend le piano en autodidacte dès l’âge de huit ans. Adolescent, il fait ses débuts professionnels dans les bals en Guadeloupe, et en particulier au sein de l’orchestre de Robert Mavounzy. De 1967 à 1970, il s’établit au Canada, puis revient aux Antilles. En 1969, il enregistre les prémices d’une série qui débouchera vingt-huit ans plus tard, “Piano Biguines”. Il se produit alors régulièrement en trio avec Winston Berkeley et Jean Claude Montredon sous le nom de Likid Rock Stone, dans un registre jazz fusion. Un enregistrement du trio qui là, interprète des biguine jazz, est d’ailleurs capté en Martinique par Jean Boura en 1971, et finalement publié en tant que document, en 2020.
En 1973, Alain Jean-Marie s’installe à Paris. Rapidement reconnu comme un partenaire de premier choix, il est abondamment sollicité depuis lors, et accompagne régulièrement les plus grands : Chet Baker, Sonny Stitt, Art Farmer, Johnny Griffin, Lee Konitz, Bill Coleman, Max Roach, Christian Escoudé…
Prix Django Reinhardt en 1979, il accompagne régulièrement la chanteuse Dee Dee Bridgewater à partir de 1986, époque à laquelle elle le sollicite pour accompagner son spectacle consacré à Billie Holiday, “Lady Day”. La même année, Alain enregistre en duo avec le contrebassiste Niels-Henning Orsted Pedersen (Latin Alley – 1987). En 1990, il enregistre également avec Abbey Lincoln, aux côtés de Jackie McLean, Billy Higgins et Charlie Haden. Depuis cette époque il joue et enregistre également fréquemment avec Barney Wilen (“La Note Bleue”, musique pour une bande dessinée, 1986, “Dreamtime” – 1992). En 1991, il enregistre en trio avec Henri Texier et Aldo Romano (“The Scene Is Clean” – 1991). Avec Michel Graillier, il enregistre à cette époque deux superbes albums de duos de pianos, « Portrait in Black and White » et « Oiseaux de Nuit » qui seront finalement édités en 2005.
En 1992 il vient sur le devant de la scène avec la suite de Piano Biguines, Biguine Reflections, qui sera suivi de trois autres opus. Il puise ici dans ses racines antillaises, et y adjoint sa culture be-bop dans un mariage biguine-jazz particulièrement réussi, et où il rend hommage aux fondateurs, Al Lirvat, Robert Mavounzy… Parallèlement, le pianiste se produit en trio plus strictement jazz, avec Gilles Naturel et John Betsch (Lazy Afternoon – 2000). Il travaille également en solo, et enregistre en 1999 “Afterblue”, pour lequel il reçoit le prix Boris Vian de l’Académie du Jazz (1999 – meilleur album de jazz français) et le Django d’Or (2000 – meilleur musicien français de jazz). Alain multiplie les concerts et devient également l’un des piliers incontournables de la rue des Lombards.
Alain Jean-Marie participe également à plusieurs enregistrements avec d’autres musiciens guadeloupéens de jazz. Ainsi, en 1997, il enregistre avec le guitariste André Condouant (Clean & Class – 1997), ainsi qu’avec Roger Raspail (Fanny’s Dream – 1997) et en 2001 avec le saxophoniste Jocelyn Ménard (Men Art Works – 2002). En 2002, il enregistre à New York, avec un collectif de musiciens essentiellement guadeloupéens, et sous la houlette du trompettiste Franck Nicolas, “Jazz Ka Philosophy”, manifeste autour de la fusion gwo-ka et jazz.
Plutôt avare d’apparitions sur les scènes antillaises, il se produit cependant en octobre 2001 à l’Artchipel à Basse-Terre, en compagnie de la formation de Patrice Caratini, dans le spectacle “Chofé Bigin La”. Il revient en mai 2003, cette fois avec son trio jazz formé avec Gilles Naturel et John Betsch, sur la scène du Centre des Arts de Pointe-à-Pitre. En décembre de la même année, il accompagne Franck Nicolas lors du Festival Jazz à Pointe-à-Pitre, avec toute l’équipe de Jazz-Ka Philosophy.
C’est en 2004 que Alain Jean-Marie publie son deuxième disque solo “That’s What” / Label Elabeth, consacré à un répertoire de semi-standards auxquels il ajoute sa touche harmonique originale et son phrasé léché. A partir de 2005, on retrouve également Alain en concert en duo avec Mario Canonge. Ils se produisent avec cette formule en France et aux Antilles. L’année suivante, Alexandre Lourié réussit à obtenir son accord pour réaliser un documentaire consacré à sa vie. Le film sort en DVD fin 2007 dans la série Jazzmen Aujourd’hui, augmenté de séquences musicales mettant en scène les différentes formules qu’Alain affectionne, le trio jazz, biguine, ainsi que des duos avec Morena Fattorini et une pièce en solo.
En 2009, Thierry Gairouard propose à Alain d’enregistrer un album autour du gwoka et des rythmes traditionnels de Guadeloupe. Ce sera l’album Gwadarama, enregistré par Olivier Mathurin avec Mano Falla, Roger Raspail et Raymond Grégo, et qui comprend entre autres deux compositions de Franck Nicolas. Le projet est présenté sur la grande scène du festival de jazz de Pointe-à-Pitre en fin d’année. Franck Nicolas fait de nouveau appel à Alain pour son nouvel opus de Jazz Ka Philosophy, “Kokiyaj”, qui sort en 2010, et bâti autour du thème de la mer. Alain s’y exprime au piano et au Rhodes, hors de ses habitudes. Et les sentiers battus, c’est justement ce que le pianiste essaie d’éviter autant que faire se peut. C’est ainsi qu’il enregistre finalement le duo créé en 2001 avec son épouse, la chanteuse lyrique Morena Fattorini, un disque hors norme, Abandon à la Nuit, qui mêle lyrique, jazz et rythmiques latino-afro-caribéennes. Du côté jazz biguine, Alain Jean-Marie enregistre avec le Caratini ensemble, l’album Chofé Biguine La, sorti en 2011, sur un répertoire qu’ils ont fait voyager durant plusieurs années sur les scènes en Europe et aux Antilles. Alain reste un pianiste très demandé et multiplie les rencontres et les collaborations. En avril 2014 parait ainsi NightScape, un album en duo avec le jeune guitariste Paul Abirached dans lequel les deux musiciens tissent des fils mélodiques d’une rare délicatesse. Puis en 2015, c’est un duo avec le saxophoniste François Ripoche qui parait, The Peacocks, qui reprend un choix subtil de standards.
L’année 2017 voit Alain participer à des projets caribéens très divers. C’est d’abord Jean-Claude Montredon, batteur emblématique des Biguine Reflections, qui publie enfin le premier album sous son nom, et ne manque évidemment pas d’inviter le pianiste. Autre complice de toujours, Roger Raspail sort, vingt ans après Fanny’s Dream, Dalva, qui réunit également de nombreux amis de longue date. On retrouve Alain sur le premier album du bassiste Stéphane Castry, et finalement, ce sont Thierry Vaton et Tony Chasseur qui font appel à lui pour le quatrième opus du big band Mizikopéyi. En 2018, le guitariste Jean-Claude Gaspaldy et le pianiste Hiroshi Murayama se lancent dans le projet fou de retranscrire les chorus d’Alain Jean-Marie. Le volume 1 de Piano Biguine-Jazz sort ainsi en milieu d’année.
Alain continue bien évidemment à se produire, entre autres avec ses deux amis Patrice Caratini et Roger Raspail. Ce Tropical Jazz Trio tourne depuis quarante ans, sans avoir jamais été enregistré. La lacune est réparée en 2019 par le jeune label French Paradox qui publie un disque à l’évidence rare. Quelques mois plus tard, c’est sous son nom que sort un nouveau disque en trio, Pensativa, enregistré avec Darryl Hall et Lukmil Perez Herrera, où l’on navigue entre standards jazz et caribéens.
Discographie




















































