Une corde qui casse… André Condouant, 1935-2014

Une corde qui casse... André CondouantIl était naturellement devenu, et depuis longtemps déjà, le patriarche des musiciens de jazz de Guadeloupe. Non tant parce qu’il appartenait à une génération précédente, que par son expérience et son histoire, ainsi que sa relative discrétion. André Condouant était cependant un patriarche actif, et proche. Revenu en Guadeloupe depuis plusieurs années, il y avait enregistré ses deux derniers albums, et fréquentait assidument les endroits de jam, du New P’ti Paris au Ja’Ri Beach, mélangeant volontiers sa guitare aux formations spontanées qui émergeaient à ces occasions. Et pour tous les musiciens qui avaient alors la joie de partager quelques moments de musique avec lui, c’était toujours l’émotion de toucher du doigt un pan d’histoire musicale et de fierté antillaise.

Il serait sans grand intérêt de cataloguer ici la totalité des noms du jazz, grands et petits, avec lesquels il a collaboré au long de ces années, de George Benson ou Leo Wright à Didier Lockwood et Ray Barretto, par exemple. Rappelons cependant qu’il avait un éventail d’influences riche et a apporté son talent tant au « straight » jazz des standards de Broadway, qu’à la biguine et au gwoka – dans ses collaborations avec Kafé par exemple, poussant parfois également jusqu’aux rivages du funk. Lorsqu’il empoignait sa guitare sur scène, il suffisait de trois notes pour tout de suite comprendre la grandeur et le talent du musicien. Avec Alain Jean-Marie – qui doit se sentir un peu plus seul aujourd’hui – ils partagent une longue histoire commune, qui part des Antilles passe par le Canada puis rejoint la métropole, et on les retrouve côte à côte sur plusieurs enregistrements – souvent introuvables aujourd’hui. Ils sont parmi les derniers jazzmen antillais à avoir contribué à la grande époque du bebop, et ont participé pleinement à son histoire.

La disparition d’André sonne donc aujourd’hui avec force, et traduit un tournant qui laisse les amoureux du jazz made in Guadeloupe un peu orphelins. Il fait partie de ces modèles de travail, d’exigence et de persévérance, qui rappellent que le talent et l’excellence ne s’obtiennent pas en claquant simplement des doigts, et inspirent aujourd’hui nombre de musiciens avec lesquels il a collaboré.

Bon voyage, André.

2 réflexions sur “Une corde qui casse… André Condouant, 1935-2014”

  1. Merci de partager ces mots avec nous. Je ne connais pas vraiment ce musicien. C’est toujours difficile de découvrir un artiste dans de telles circonstances. Mais, je comprends que sa musique et son style auront marqué beaucoup de personnes. Du coup, je considere qu’il est encore parmi nous… qu’il repose en Paix.
    Merci Le bananier Bleu

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