Herbert « Happy » Lewis – trompette
Biographie
Herbert “Happy” Lewis est originaire de l’île d’Antigua. Né dans une famille où la musique est une seconde nature, c’est tout naturellement qu’il entre des sept-huit ans comme trompettiste dans l’orchestre de l’Armée du Salut où se trouve déjà son père. Il y jouera de longues années, ponctuées par quelques stages de formation aux Etats-Unis. Vers le milieu des années 70, il a l’occasion de rencontrer l’un des membres de l’orchestre des Vikings à la recherche de musiciens. C’est à l’époque le plus fameux des orchestres de danse de la Caraïbe, ancêtre des Kassav’. Ils le remarquent et lui proposent un contrat dans l’orchestre. Happy Lewis l’accepte, et c’est ainsi qu’il part s’installer en Guadeloupe en 1974.
Pendant plusieurs années Happy Lewis se produit avec les Vikings. A cette période, il collabore aussi avec Expérience 7. Il est également souvent sollicité pour réaliser des arrangements et des accompagnements sur nombre de disques de danse de l’époque pour 3A en Martinique ou bien Debs en Guadeloupe.
Finalement, au début des années 80, Happy Lewis se lance enfin dans la musique qui l’attire le plus, le jazz. Il forme un premier quartet, qui perdure encore aujourd’hui après de nombreuses évolutions sous la forme de son quintet actuel. La première version de cette formation inclut Raymond Grego (dms), Winston Berkley (b) et selon les occasions, Eric Fontès ou bien François Quillin au piano, ou encore Alfred Mémel à la guitare. Le quartet participera au Festival de Sainte-Lucie et effectuera également un séjour à Antigua durant lequel André Condouant est à la guitare. En 1987, Happy Lewis séjourne encore à Antigua où il joue en compagnie de Roland Prince, guitariste attitré d’Elvin Jones, Ron Michael (b) et Bernie Constant (dms).
Parallèlement, les années 80 sont également riches en grandes formations auxquelles Happy Lewis a presque toujours participé. L’expérience commence avec le Caraïbe Jazz Ensemble au sein duquel on retrouve entre autres Germain Cécé, Raymond d’Huy, Charly Chomereau-Lamotte… Happy participe à l’enregistrement du premier album de l’orchestre, “Son Epi Coulé” en 1983.
Happy Lewis met entre parenthèses le Caraïbe Jazz Ensemble pour se joindre au Caraïbe Jazz Workshop. Ce quintet est une gageure qui consiste à regrouper des musiciens venant de l’ensemble de la Caraïbe. On y retrouve, venant de Martinique, Jean-Claude Montredon, Alex Bernard et Ronald Tulle, de Sainte Lucie, Luther François et Emerson Nurse, de Trinidad, Bugsy Sharp au steel band, de Barbade, Adrian Clark au piano, de Guadeloupe, Charly Chomereau-Lamotte et bien sûr Happy Lewis pour représenter à la fois la Guadeloupe et Antigua. En 1987-88, le Caraïbe Jazz Workshop jouera en première partie de Wynton Marsalis à Trinidad, puis tournera dans les festivals de Barbade, Sainte Lucie et de Martinique avant une tournée en France et une participation au festival de jazz de Berlin durant laquelle Happy Lewis rencontrera entre autres Herbie Hancock, Tony Williams ou encore Monty Alexander.
C’est ensuite Charly Chomereau-Lamotte qui fera appel à Happy Lewis au sein de sa formation Percuivre, avec Luther François et Jean-Claude Montredon. Ce dernier sera remplacé par Raymond Grégo sur l’album de Charly.
En cette fin des années 80, le quartet de Happy Lewis se mue en quintet avec l’arrivée de Jocelyn Ménard aux saxophones. On y retrouve également Normand Deveault au piano, Raymond Grego à la batterie et Marcel Falla à la basse. Le quintet se produit régulièrement en Guadeloupe et à Antigua, et finalement gravera l’album “Human Cause” en 1997. Parmi les musiciens qui ont joué avec le quintet, on retrouve par exemple François Théberge.
De 1988 à 1992, Happy Lewis participe également à l’aventure du West Indies Big Band qui effectue de nombreux concerts dans la région, avant de terminer par une tournée en France dont le point d’orgue sera un concert à l’Olympia à Paris. Sous la direction de Luther François, et avec des arrangements de Jacky Bernard, Luther François et Paulo Rosine, on retrouve entre autres aux côtés d’Happy Lewis, les deux autres frères Bernard, Nicol et Alex, pour la Martinique, Colin Dial (sax) pour le Guyana, Bugsy Sharp (steel band) pour Trinidad… Lors d’un séjour de l’orchestre en Martinique, c’est le cubain Gonzalo Rubalcaba qui est invité comme soliste. A cette occasion, ils sont écoutés par Max Roach qui est dans la salle. Ce dernier proposera même à Happy Lewis de venir le rejoindre à New-York, mais celui-ci déclinera à regret l’invitation, devant l’obligation de quitter son pays et sa famille. A Paris, les musiciens sont logés dans le même hôtel que Kenny Garrett, et la rencontre avec Happy Lewis, Luther François et Jean-Claude Montredon donnera lieu à une nuit quasiment complète de boeuf improvisé au bar de l’hôtel.
En Guadeloupe, Happy Lewis dirige également la fanfare de Saint-François, enseigne la musique (trompette et autres vents sauf les saxophones, guitare, basse…) et l’improvisation. Il forme avec ses élèves et quelques semis-professionnels le big-band de Saint-François. Cet orchestre se produit régulièrement et a par exemple participé au dernier Festival de Jazz de Pointe-à-Pitre en décembre 2001. Happy Lewis se produit également régulièrement avec son quintet. Il participe à diverses émissions de radio et de télévision dont par exemple l’hommage à André Condouant sur RFO en 1996 au cours duquel il joue en compagnie du pianiste Michel Graillier.