Etienne Mbappé, troisième volet : Pater Noster

Cinq ans après la sortie de Su La Také, Etienne Mbappé nous revient avec son troisième album, Pater Noster. Cinq ans déjà ? Et oui… Mais Etienne vous dirait plutôt qu’il ne lui a fallu « que » cinq ans, pour se sentir prêt à sortir le nouvel opus de son groupe. Et que c’est très bien comme ça, puisque c’est lui qui décide ! Le groupe Su La Také est donc de retour pour notre plus grand plaisir. Etienne Mbappé a un agenda de ministre, partagé entre son groupe, ses collaborations avec John McLaughlin, Bill Evans ou bien encore les Ringers – pour le côté jazz et fusion –, ses apparitions aux côtés de Ray Lema – cf. le tout récent VSNP – et trouver le temps de réaliser un troisième album était donc une vraie gageure.

Cette année, Etienne et Su La Také ont aussi largement exploité le laboratoire du Baiser Salé pour expérimenter leur musique, essayer les nouveaux morceaux, choisir ceux qui figureront sur l’album ou pas. A raison de quatre soirs par mois, Pater Noster y a subi une cure d’incubation intense et cela se ressent dans la qualité de l’album tel qu’il parait aujourd’hui.

Su La Také a un peu évolué ces derniers temps, mais s’appuie toujours sur l’excellente Cate Petit – aux chœurs et à la danse. Cédric Baud, aux guitares, a pris une assurance et une maitrise certaines et assoie indéniablement le groupe. De plus, ses talents d’ingénieur du son ont été mis à contribution pour la réalisation de l’album. Au violon, Clément Janinet apporte à la fois de la virtuosité et de l’ouverture, par les couleurs qu’il transmet. Enfin, le choix de Nicolas Viccaro à la batterie est probablement la meilleure chose qui soit arrivée à Su La Také récemment. Ce garçon est un virtuose, qui plus est souvent sur des rythmes qui n’ont a priori rien de naturel pour lui au départ, et son feeling très jazz se ressent dans le swing qui sous-tend nombre de morceaux de l’album.

Pater Noster – baptisé ainsi par Etienne du nom du morceau qu’il a écrit pour sa mère récemment disparue – est un disque qui fait la part belle à la guitare sous toutes ses formes. On voyage ainsi du jazz au rock – chassez le naturel, il revient au galop – et bien sûr à l’Afrique, avec des touches, des chorus, des lignes, qu’Etienne et Cédric se partagent avec bonheur. La palette se complète avec les influences celtes, arabisantes ou classiques de Clément au violon.

Etienne Mbappé a également soigné les textes et le « pitch » de chaque chanson est rappelé dans le livret de l’album. On y parle de la vie, de sujet parfois graves et en tous cas souvent sérieux, de l’amour bien sûr, et il est toujours étonnant de constater la facilité qu’il y a à transmettre ces messages loin d’être anodins, sur des musiques qui paraissent souvent faussement légères.

Pater Noster, qui démarre sur un tempo médium, fait rapidement alterner balades et transes ou danses, pour un voyage jouissif dans une Afrique mâtinée de jazz et de rock et on en redemande. Au total, Etienne Mbappé fait du Etienne Mbappé, et c’est justement pour cela que nous avons signé, donc c’est parfait ainsi. Et puis, le disque nous réserve également quelques surprises, par exemple en nous entrainant en Afrique de l’Ouest – Wé Mba Tiki, qui fait irrésistiblement penser à l’album Folon de Salif Keita – pour même s’achever sur une chanson en pensée pour le Mali, la voix uniquement soutenue par la guitare et le violon.


Pater Noster (Etienne Mbappé & Su La Také)


Année : 2013
Label / référence :
Personnel : Etienne Mbappé, Nicolas Viccaro, Clément Janinet, Cate Petit, Cédric Baud


Plus d’information : http://www.etiennembappe.com

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