Ray Lema sextet, live @ Domaine d’O, Montpellier

Concert

Devant les 1800 spectateurs d’un amphithéâtre d’O qui affichait complet, le sextet de Ray Lema a clôturé en beauté cette édition 2019 du festival de jazz de Radio France Occitanie Montpellier ce 25 juillet. Pascal Rozat, son programmateur avisé, s’est facilement laissé tomber sous le charme du dernier album du Congolais, Transcendance, dont nous avons justement parlé il y a quelque temps. Entouré de fidèles et talentueux complices, Ray Lema a fait groover l’auditoire avec un set à la fois festif, virtuose, poétique, porteur de message, entre le jazz et l’Afrique qu’il revendique comme sources principales de sa musique.

D’entrée de jeu, c’est la batterie de Nicolas Viccaro, toujours aussi énergique et incroyablement précise, qui met les choses au point : l’heure à venir sera sous le signe du rythme. Point. Et ce n’est pas un Michel Alibo survolté qui le contredira. En adjoint au maitre de cérémonie, il est partout, danse avec sa basse, se lance dans des chorus d’anthologie, court d’un musicien à l’autre pour les encourager, dialogue avec la batterie, et commande même le public à distance. Avec succès. Démarrage en trombe avec l’afrobeat revu par Ray Lema, dont le morceau titre de l’album, Transcendance, et le très dansant Zoukissa.

Sur le devant de la scène, Sylvain Gontard (trompette) et Irving Acao (saxophones) alternent des solos qui à chaque fois soulèvent le public. Ils se connaissent par cœur et montrent une belle complicité. On les sent particulièrement heureux de jouer ce soir – comme les autres musiciens d’ailleurs – et Irving est resté tout sourire de toute la soirée, avec toujours un geste amical à l’attention de ses camarades.

S’ensuit une séquence plus introspective « au risque de casser l’ambiance » prévient Ray Lema ! Avec Kivu’s Blues, le pianiste fait prendre conscience du terrible conflit qui se joue loin de tous les médias à l’extrême Est du Congo. Le cri du blues ressort ici, dans le chorus déchirant de Rodrigo Viana. Puis la très belle Congo Rhapsody raconte l’Afrique dans ses contrastes. L’occasion également de profiter du piano subtil du leader.

Mais la fête reprend rapidement ses droits et le public finit par se lever pour enfin danser. Avant la dernière ligne droite, petite entorse au répertoire de Transcendance, avec le très beau Nâab aux effluves sahariennes, extrait de Headbug, le dernier album du quintet sorti en 2016. Au bout d’un set trop court au gout de tous, Ray Lema annonce « un petit déhanché pour bien finir la soirée », et se lance dans un Troisième Bureau qui met tout le monde d’accord. Irving Acao danse d’ailleurs au milieu de ses camarades. Le sextet n’aura pas le temps de sortir de scène pour attendre son rappel en coulisse tellement l’ovation du public est pressante. Ray Lema rappelle ses musiciens « Messieurs, je crois que nous avons un problème, on nous demande de continuer ! ».

Je profite également de l’occasion pour remercier Frank Bigotte, dont les très belles photos illustrent avec fidélité ce petit compte-rendu. Ainsi s’achève donc cette série de concerts jazz 2019 qui encore une fois aura été placée sous les signes de l’éclectisme, la diversité et le talent. Seul regret, les concerts de cette deuxième semaine du festival de Radio France… n’auront pas été diffusés ni même enregistrés par ledit Radio France ! Faute de budget ? Décision éditoriale ? En tout cas incompréhensible et très regrettable si l’on songe à la mission de diffusion de la culture d’une radio publique nationale !

Ray Lema “Transcendance” par Frank Bigotte

Notre sélection d’enregistrements de Ray Lema

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