Mario Canonge – Piano
Biographie
Mario Canonge naît en septembre 1960 à Fort-de-France, en Martinique. Le piano berce ses jeunes années au sein d’une famille dont la plupart des membres jouent de cet instrument. Mais étrangement, Marius ne s’y met pas avant son adolescence. C’est sur un vieux piano de sa grand-mère, chez laquelle il vit, qu’il commence à jouer. Plutôt doué, il est préposé à l’orgue de l’église Ste Thérèse de Fort-de-France. Puis, accompagne la chorale du François, petite commune du sud de l’île. C’est avec elle que Mario part pour la première fois en métropole, puisque la chorale donne deux concerts au Bataclan à Paris en 1977. Cette même année, la chorale des Îles du Vent offre également à Mario l’occasion de réaliser ses premiers enregistrements sur disque, aux côtés d’Al Lirvat, André Siobud, Guy Vadeleux, Léon Sainte Rose etc.
Très inspiré des deux grands noms antillais du piano, Marius Cultier et Alain Jean-Marie, Mario devient un pianiste reconnu pour son incroyable virtuosité, mais aussi pour la synthèse passionnante qu’il fait entre le jazz et la musique antillaise.
En 1979, il s’installe en France pour étudier le son et la musicologie. Mais il fréquente plus le tabouret du piano que les bancs de la fac. A cheval entre les Antilles et l’Europe, il commence dès les années 80 à travailler au sein de plusieurs groupes. Après l’expérience Falfret (musique antillaise) et La Manigua (jazz-salsa), il crée le groupe jazz-rock Ultramarine avec, entre autres, le guitariste Nguyen Lê. La même année, il obtient le premier prix de piano du festival de la Défense.
Mais, un seul groupe ne suffit pas à Mario Canonge qui, comme il le fera toujours, multiplie les expériences musicales en parallèle. De plus, fort d’une réputation qui le précède de plus en plus, il est fréquemment convié à accompagner tel artiste ou tel groupe. La chanteuse française Nicole Croisille, l’américaine Dee Dee Bridgewater, et bien sûr d’innombrables musiciens antillais (Henri Guédon, Ralph Thamar, Tanya St Val, Jean-Michel Cabrimol, …), la liste est longue de ceux qui font appel au pianiste.
En 1988, retour vers les Antilles avec le groupe zouk Sakiyo, que Mario Canonge créé aux côtés de Michel Alibo, bassiste du groupe de jazz Sixun. Puis dans la foulée, Jacob Desvarieux de Kassav’, lui propose de tourner avec le Grand Méchant Zouk, groupe occasionnel composé de grands noms du zouk (Tanya Saint-Val, Dédé St Prix, Marie-Josée Alie, Tatiana Miath, …).
Sur tous les fronts musicaux, Mario Canonge fait des merveilles. Mais avec les années 90, il décide de se lancer seul. En 1992, sort son tout premier album solo, “Retour aux sources”. Enregistré en trois jours, l’album connaît un certain succès : environ 15.000 exemplaires de l’album sont vendus, et la presse est très flatteuse. Retour aux sources effectivement pour le martiniquais qui après avoir roulé sa bosse dans le monde du zouk, choisit pour son travail solo de renouer avec la musique de ses racines, la mazurka, la biguine et autres rythmes traditionnels savoureusement rhabillés par ses soins.
Dès l’année suivante, paraît un second disque, “Trait d’union”, le bien nommé. Mario Canonge explore et relie entres elles les différentes formes musicales des Antilles. Il est aidé dans cette voie par son groupe Kann’ (Bago aux percu, Thierry Fanfant à la basse et Jean-Philippe Fanfant à la batterie). Le style à la fois sensuel et festif de Mario Canonge séduit un très large public autant aux Antilles qu’en France métropolitaine. Les concerts se succèdent sans répit et entre 92 et 93, on le croise sur environ 300 scènes européennes et caribéennes. A Paris, on le croise dans les plus grands clubs de jazz, le Baiser Salé, la Chapelle des Lombards, le Sunset, et bien sûr le New Morning.
Mais, Mario continue de participer à d’autres expériences collectives. En 1992 toujours, il fait partie de la tournée Acoustik Zouk dont le principe est de jouer du zouk dans des petites salles après des années de mises en scène à grand spectacle, à l’instar par exemple du Grand Méchant Zouk quelques années plus tôt. La même année, il tourne aux côtés de Malavoi et travaille pour Ralph Thamar. Côté Afrique, Mario est présent sur l’album Sili Béto des frères Touré Kounda.
C’est justement avec le crooner martiniquais qu’en 94 Mario enregistre un album-hommage à Marius Cultier, grande figure de la musique antillaise. En outre, Ralph Thamar fait partie des invités du concert du 5 mars 94 au New Morning. Ce soir-là, le pianiste et son groupe Kann’ (élargi pour l’occasion) donnent un sublime récital entourés des chanteurs Jocelyne Beroard, Jean-Philippe Marthely, Jean-Paul Pognon et Tony Chasseur. Le 21 janvier 95, Canonge retrouve le New Morning, mais avec son complice Ralph Thamar pour la tournée en hommage à Marius Cultier. C’est surtout aux Antilles durant tout l’été 95, que les deux hommes se produisent avec un énorme succès.
Toujours en 95, l’infatigable Mario Canonge participe, avec Kann’, à de nombreux festivals internationaux dont celui de La Fayette en Louisiane, Angoulême en France ou Moers en Allemagne. En décembre, Mario Canonge trouve encore le temps de sortir un nouvel album, “Arômes caraïbes”. Entre des instrumentaux aux couleurs traditionnelles antillaises ou aussi haïtiennes (“Bam ti bonjou”), surgissent des chansons interprétées par le complice Ralph Thamar, la jeune Tatiana Miath et Canonge lui-même (“Tou sa ou lé”). En 1996 Mario enregistre également sur “Pa Présé” de Beethova Obas, expérience qui sera renouvelée en 1999 sur “Planet La”.
Il faut attendre 1998 pour écouter le nouvel album de Mario Canonge, “Chawa” (du terme agricole français “charroi”, “charroyer”), qui sort au printemps dans les bacs. Plus jazz que les précédents, le mélange des genres est cependant toujours dominant, de la biguine au reggae (“Hello Laureen”) en passant par le boléro (“Kon djab djigidji”) et l’incontournable zouk. Nombreux, les invités apportent une sensuelle touche vocale, avec en tête la toujours remarquable voix de Tatiana Miath (“Alantou Minui”).
En 2001, Mario Canonge livre un nouvel album intitulé Carte Blanche. Carte Blanche est une double invitation. Invitation lancée tout d’abord aux musiciens “du coeur”, aux musiciens “amis”, aux musiciens “d’envie”, aux musiciens “de partage”. Les voix de Jocelyne Beroard, de Ralph Thamar ou de Tony Chasseur, les violons de l’Orquesta Aragon (Cuba), les Steel Drums d’Andy Narell ou bien encore les percussions d’Orlando Poleo, la rythmique des frères Fanfant… En tout, une trentaine de musiciens qui se sont chacun adaptés voire fondus aux compositions elles-mêmes. Mais c’est aussi et même surtout, une invitation destinée aux auditeurs. Une invitation au voyage dans les Antilles et plus particulièrement au coeur de la Martinique, à la chaleur, la suavité, l’exotisme, à l’authenticité de ce lieu mythique et magique, à la découverte de son histoire, de sa culture, de son patrimoine musical.
En 2002 naît Sakésho, un quartet résolument jazz caraïbes, avec Andy Narell (steel dms), Michel Alibo (b) et Jean-Philippe Fanfant (dms). L’album du même nom sort dans la foulée, et un DVD enregistré live au club guadeloupéen LaKasa est édité l’année suivante. Parallèlement, les incursions de Mario dans la musique africaine, et plus particulièrement camerounaise, se font de plus en plus fréquentes. C’est ainsi qu’on le retrouve – souvent en compagnie d’Etienne M’bappé, sur les albums d’Henri Dikongué, Manu Dibango, Gino Sitson ou encore des Nubians.
En 2004, Mario Canonge effectue en tournant musical d’importance avec son album Rhizome. Résolument “jazzistique”, son travail de composition se mue en instrument d’ouverture sur “l’autre”, où le métissage serait enfin devenu un élément de base voire d’acquis culturel et social. Autour de Mario on retrouve, outre l’éternel Michel Alibo, le saxophoniste Jacques Schwarz-Bart, le trompettiste Roy Hargrove et le batteur Antonio Sanchez. La liste des invités est complétée par les voix des camerounais Richard Bona et Gino Sitson. Cette même année, Mario prête son concours au nouveau disque en leader de Swanha Desvarieux, “On Dot Jan !”.
L’année suivante débute par une tournée marathon de Mario à travers l’Amérique – du Nord au Sud et à travers la Caraïbe – pour présenter Rhizome. Pour l’occasion, c’est le batteur cubain de Michel Camilo, Horacio “El Negro” Hernandez, qui est mis à contribution. Mario trouve tout de même le temps de préparer avec ses complices le deuxième opus de Sakésho, “We want you to say…” qui sort en avril 2005. Tout en participant à divers projets, dont un duo avec Alain Jean-Marie, Mario poursuit inlassablement les tournées autour du répertoire de Rhizome.
En 2008, Mario renoue d’abord avec la tradition. Il publie le deuxième volume de Punch en Musique qui sort en mai, avec Alex Bernard à la contrebasse, et le jeune Gregory Louis à la batterie, qui s’est illustré récemment avec son groupe Caraib II Jazz. Mario participe également au premier album de la chanteuse d’origine algérienne Keyko Nimsay, accompagné de Franck Nicolas, Michel Alibo et Karim Ziad entre autres. Le résultat est une fusion particulièrement réussie entre jazz, musique caribéenne et influences nord-africaines. Pour clore l’année en beauté, Mario publie enfin un album live, sur le répertoire de Rhizome et issu des longues tournées réalisées ces dernières années. En trio avec Linley Marthe et Chander Sardjoe, il livre un album frais et dynamique qui sort en novembre.
Mario diversifie encore – s’il était possible ! – ses collaborations. Il joue en duo avec Alain Jean-Marie, ou bien avec le contrebassiste Michel Zenino. En 2009, il participe aux “Premières rencontres autour du piano” en Guadeloupe en y présentant un concert solo retraçant l’histoire du piano jazz, qu’il maîtrise de bout en bout. Les tournées s’enchaînent avec le trio, ainsi que les concerts en particulier avec Sakésho. Il accompagne également la chanteuse Tangora.
En 2011, Mario Canonge publie mitan, un album jazz salué par la critique, et qu’il décrit ainsi : « mitan, c’est aussi le mitan de ma vie. En réalité, c’est pour moi le commencement d’un à venir plus riche, d’une envie d’avancer, de progresser, de m’élever encore et encore, essayant d’effleurer, de toucher, de saisir de mes dix doigts un vital essentiel ». Dans le courant de l’été, Mario et Michel Zenino se produisent dans le cadre du festival Jazz à Porquerolles. Le concert est filmé et donne lieu à un DVD qui sort début 2013. Mario enregistre également avec le guitariste dominiquais Cameron Pierre. L’album est produit par Courtney Pine qui dans la foulée fait appel à Mario pour son nouvel album à venir, House of Legends, sorti fin 2012. C’est également à cette période que nait un trio prometteur baptisé CAB, et formé avec le chanteur camerounais Blick Bassy et le percussionniste brésilien Adriano Tenorio DD. Le groupe tourne régulièrement et enregistre un album qui parait en 2015. Il est suivi, en 2016, d’un DVD enregistré en concert au Triton.
Les duos de standards, joués en résidence au Baiser Salé avec son complice Michel Zenino chaque semaine, fêtent bientôt leur 10 ans d’existence – et de succès non démenti. Pour étendre le concept, les deux musiciens montent un quintet avec Josiah Woodson, Ricardo Izquierdo et Arnaud Dolmen, et interprètent un répertoire original, dans la veine d’un hard-bop chatoyant, mâtiné de saveurs Caraïbes. Le quintet se produit dans les festivals en France (Jazz à Junas, Montpellier Radio France… en 2016) et en Martinique (Biguine Jazz 2017) et enregistre l’album Quint’Up qui sort en avril 2018. Le disque est présenté au Triton à cette occasion. L’année est particulièrement riche puisqu’en novembre, Mario publie un nouvel album sous son nom propre, Zouk Out, avec Michel Alibo, Arnaud Dolmen et Adriano Tenorio. Cet album est l’occasion pour Mario, de rencontrer le chanteur Erik Pédurand, qui chante sur un titre. L’alchimie fonctionne et les deux musiciens se retrouvent pour une résidence musicale l’année suivante. Le résultat se présente sous la forme d’un nouvel album, enregistré en duo piano-voix. Kapital est un disque militant, sorti en 2020, et qui marque les esprits. Entre deux albums, Mario est toujours un pianiste extrêmement demandé. Il participe ainsi à la formation Nanm Kann, montée par Jacob Desvarieux mais qui se verra brutalement stoppée par le décès prématuré de son leader. On l’entend aussi aux côtés de Philippe Gouyer-Montout, Körinn et plus récemment Roger Biwandu, pour n’en citer que quelques-uns.
L’année 2023, s’ouvre en fanfare (si l’on peut dire ! ) avec le second volume Quint’Up II de la formation à succès montée avec Michel Zenino. Le disque célèbre le hard bop “à la créole” que la formation maitrise avec brio. En mai, un nouvel album, cette fois en trio, se profile. Mario publie chez Aztec Musique, un enregistrement capté sur la scène du Comptoir, à Gif sur Yvette, en compagnie de Michel Alibo (cb) et Arnaud Dolmen. L’album du Mario Canonge Trio réunit tous les suffrages, et en décembre le pianiste, comme ses deux complices, est distingué parmi les artistes jazz de l’année par Jazz Magazine et Jazz News. En début d’année suivante, son ami le batteur Thierry Lange-Berteaux exhume les bandes d’un concert au Comptoir, enregistré trois ans plus tôt. Le résultat est l’album Search For Peace, qui sort en mai 2024 sous le nom de Human Meeting. Rejoints par Guillaume Souriau (cb) et Rafael Izquierdo (sax), ils proposent un répertoire de standards au format hard bop, proprement réjouissant. A l’automne, avec son complice Michel Zenino, ils publient Paraphrases, chez Aztec Musique, qui reprend l’univers de leurs mercredis historiques en duo au Baiser Salé, toujours d’actualité.
Autres informations
- Le site officiel de Mario Canonge : https://www.mariocanonge.net/
- La page de Mario Canonge sur FaceBook : https://www.facebook.com/mariocanonge
- La discographie complète de Mario Canonge sur BandCamp : https://mariocanonge.bandcamp.com/